"Thérèse Desqueyroux", une oeuvre féministe?

Publié le 02 janvier 2019 par Podcastjournal @Podcast_Journal
AGENDA: proposition et recherche d'évènements Le roman "Thérèse Desqueyroux" peut-il être considéré comme un roman féministe? Si l'on donne une connotation militante à cet adjectif, la réponse serait non. Le roman datant de 1927, ne doit pas rendre compte de la condition des femmes actuelles. Cependant, c'est bien une femme qui est la protagoniste du roman. François Mauriac, l’auteur de cette œuvre, était un écrivain engagé issu d’une famille bourgeoise, catholique et conservatrice.
"Thérèse Desqueyroux" est l'occasion pour lui de livrer une vision critique de la place qu’occupaient les femmes dans le milieu dont il était issu, la bourgeoisie bordelaise.

Ici, la femme est toujours soumise soit à un homme soit à la famille. Les hommes, en position dominante, le père ou le mari, regardent les femmes d'un œil dédaigneux et supérieur: "Toutes des hystériques quand elles ne sont pas idiotes!", clame Jérôme Larroque, le père de Thérèse, un riche notable. Un homme se doit d'être supérieur à sa femme, et c'est bien ce qui préoccupe les pensées de Bernard Desqueyroux (le mari de Thérèse) avant leur mariage: il constate que sa future épouse est plus intelligente et instruite que lui. C'est pourquoi, il a "travaillé d'arrache-pied" étant lycéen, pour se hisser à sa hauteur. Une fois marié, sa position d'époux le place au-dessus de Thérèse: il est l'homme, celui qui sait, le sage, tandis qu'elle est forcément ignorante. "Tu es encore naïve, ma petite", ainsi juge-t-il des opinions de Thérèse pour se rassurer et se sentir plus fort.

Évidemment que non, elles acceptent cette sujétion comme si c'était leur devoir. Au début de l’œuvre, Thérèse et Anne (sa belle-sœur) sont deux jeunes filles vives et gaies puis acceptent sans protester les contraintes du mariage. Les femmes de ce roman semblent même attendre cette "dépersonnalisation" avec impatience: "Les femmes de la famille aspirent à perdre toute existence individuelle", constate amèrement Thérèse. Nulle révolte ne voit le jour, sauf celle de la singulière grand-mère Julie qui se rappelle plus de rien et qui vit dans le mutisme. Selon Mauriac, ces femmes sont condamnées d'avance par leur milieu "par le fait de leur naissance dans une campagne perdue, dans une société très restreinte, elles n'ont pu choisir leur compagnon et n'avaient aucune chance de trouver des êtres pareils à elles".

Le lecteur peut se demander pourquoi les personnages féminins du roman acceptent une condition inférieure, à l'exception de Thérèse et de la grand-mère Julie. Deux conjectures sont possibles: d'une part le confort de la routine et donc de la déresponsabilisation; d’autre part, la pression sociale et familiale que connaissent ces femmes. Le lecteur peut se demander pour quelle raison elles ne partent pas? Et bien, il faut savoir qu'elles sont acculées devant deux obstacles. Le premier, c'est la question matérielle: nombre d'entre elles dépendent de leur mari ou de leur père, jusqu'à leur majorité. Le deuxième, c'est le prix à payer; ce prix, c'est la disparition, l'effacement, le reniement définitif du cercle familial. Comme l'écrit Mauriac, ces femmes sont des prisonnières: "elles se trouvent, et ce n'est pas une image, emprisonnées derrières des barreaux, des barreaux vivants". Aujourd'hui 12e jour du signe astrologique du Capricorne. Selon le dicton, "beaux jours de janvier trompent l'homme en février". Sont nés notamment ce jour: le compositeur Mili Balakirev, l'homme politique Maurice Faure, le photographe David Bailey, l'actrice Tia Carrere, le mannequin Christy Turlington, l'actrice Shelley Hennig. Pas de journée mondiale. Lendemain du Nouvel An, jour férié ou chômé en Écosse, Nouvelle-Zélande, Serbie, Slovénie. En France bonne fête aux Basile et Stéphanie!