se disent deux jeunes algériens avant d'enfiler deux gilets oranges et se lancer dedans.
Non pour y noyer leur ultime espérance, mais bénéficier de la même chance que deux jeunes gilets jaunes français de l'autre côté de la méditerranée.
C'est le résumé de l'article d'un fin limier, un journaliste algérien nommé Kamel Daoud que je cite parce qu'il a eu le mérite de se focaliser sur ce trou dans l'eau de l'Histoire et de la mémoire récente de son pays en pleine ébullition.
Dans l'esprit, il est provoquant mais à la lettre, il est choquant... on ne peut le citer qu'en tremblant : "à 17 heures passées, dans un village algérien, il ne vous reste que trois choix : la mosquée, la drogue ou le suicide". Et il poursuit sans faire semblant : "c'est que dans le pays, la gorge est sèche, le corps "camisolé" par la religion, par le culte du martyre et des ossements de la décolonisation. "
Autrement dit : il n'y a rien d'autre à faire qu'à se jeter en mer... et substituer le paradis d'en haut à l'enfer d'en bas... Au nord... ce ne sera plus le Coran mais un courant d'air qui emplira leurs poumons. La nuit plutôt que l'ennui...
One, two, three ainsi va l'Algérie.
L'orange envie le jaune.
Ils sont prêts à risquer leur vie pour changer de gilet et substituer à leurs gueules d'enterrement, une foule de mécontentements.
C'est une façon comme une autre d'expliquer ou de justifier l'élan migratoire...
Je ne sais ce qui me retient pour commenter ce commentaire et remettre à l'endroit ce qui est à l'envers. Peut être son arrière goût amer.
ONE : l'état de faits : en France aussi, passées 17 heures, certains quartiers sont embarrassés par la même trilogie : la résignation, l'aliénation ou l'autosuppression.
TWO : tout le ramdam fait pour diaboliser l'islam entraîne dans ces pays limitrophes, le rejet et le déni de leur seule planche de salut... au profit de notre paradis artificiel.
THREE : quant à la drogue, elle est moins dévastatrice chez eux que chez nous. Ils la consomment. Elle nous consume. La leur est chimique, la nôtre est chimérique. Pour eux, c'est souvent de l'herbe. Pour nous c'est la gerbe devant un miroir aux alouettes, un vaste marché où tout s'achète et tout se vend au plus offrant.
Les gilets jaunes ne font rien d'autre que l'attester à travers leurs témoignages divers et variés : rien à faire, tout est à défaire. Ils n'ont pas trois, mais deux choix :
Le vide ou le suicide... parce que la mosquée est par ici maudite ou bannie.