La "petite montmartroise au coeur dormant"... Cette phrase, répétée souvent par Louise est une belle synthèse de cette oeuvre lyrique, pas vraiment opéra, plutôt "roman musical" comme se plaisait visiblement à la dénommer son compositeur (Gustave Charpentier).
Concert mardi 8 juillet à l'Opéra Bastille. La distribution ce soir là est la suivante : Mireille Delunsch (Louise), Jane Henschel (la mère), Gregory Kunde (Julien, l'amant poète), Alain Vernhes (le père). L'orchestre et les choeurs de l'Opéra de Paris sont sous la direction de Patrick Davin.
Je dois avouer que la seule vraie raison qui m'a poussé à réserver pour ce roman musical en quatre actes est le fait que ma fille ainée, en sa troisième année à la Maîtrise des Hauts-de-Seine (choeur d'enfants de l'Opéra de Paris), se produisait dans les choeurs au 3ème acte (la fête sur la butte Montmartre).
La composition de cette oeuvre s'est faite visiblement sous une double influence : Wagner, avec une écriture structurée de façon plus récitative que chantante, sans véritable aria ainsi que Massenet, avec une tradition française intégrant une belle dose de sensualité et de légèreté. Je trouve toutefois que par rapport à un Debussy avec Pelléas ou bien un Duparc, Gustave Charpentier est bien moins brillant dans la maîtrise de la prosodie. La fluidité de la musique ne s'intègre pas vraiment avec cette sorte de continuum qu'est le phrasé du français, privé d'accents toniques. Les prolongations artificielles de syllabes pour tenir la note sont souvent appuyées et je trouve que la ligne mélodique ne s'articule pa correctement avec le texte.
La production de Bastille est assez prenante, les décors fascinants (notamment la reconstitution de la station Montmartre du Métropolitain). L'ambiance nostalgique du vieux Paris est retranscrite sans travers et sans caricature.
Au niveau des chanteurs, je reste partiellement mitigé. Mireille Delunsch d'abord, encensée en permanence par la presse, présenté comme LA diva française, ne m'a pas pas du tout convaincu (petite forme ce soir là ?). Le timbre d'abord, que je trouve d'une dureté assez marquée, surtout sur les aigus. Ensuite le phrasé, l'articulation, pas vraiment au rendez-vous. La mère, campée par Jane Henschel, manque de souffle et est trop souvent couverte par l'orchestre, même si sa présence mélange subtilement la terreur et l'amour. Seuls le Julien de Gregory Kunde et, surtout le père d'Alain Vernhes sont convaincants. Ce dernier, avec sa voix profonde et bien timbrée de baryton nous captive littéralement par sa présence et la justesse de son interprétation.
Beau spectacle tout de même, pas forcément facile musicalement, avec une mise en scène prenante ne tombant pas dans les excès délirants qui sont visiblement de mise dans beaucoup de spectacles lyriques actuels.
Peut-on supporter une telle oeuvre uniquement au disque ? J'en doute fort...