Le bonheur autant que possible

Publié le 10 juillet 2008 par Jcgbb

Nietzsche détestait le bonheur, du moins une certaine aspiration inquiète et insatisfaite au bonheur. Non qu’il soit illusoire, désignant un concept trompeur destiné à envoûter les foules au moyen de la vigoureuse promesse d’un avenir impossible. Il y a seulement une manière de le définir qui mérite une petite leçon de démystification…

Le bonheur est un leurre lorsqu’il suggère le néant comme possible et fait rêver à l’impossible. Alors il s’appelle paix, sécurité, immobilité, tranquillité. Alors le bonheur tourne les individus contre la vie qui n’est ni calme, ni stabilité, ni sérénité. Ce type de bonheur par ailleurs amollit. Au lieu de conduire chacun à s’élever, il fait dépérir les forces en faisant désirer le vide. Cette molle conception du bonheur devient enfin symptôme social, symptôme d’une dépression déjà en marche, qui ne sait plus vouloir que le minimum…

Le bonheur est un idéal lorsqu’il cesse de mentir et fait à nouveau croître les forces. Il suffit pour cela de le redéfinir, non en inventant une nouvelle formule, mais en écoutant l’expérience. L’expérience du bonheur qui le révèle succédant à la plénitude et non au vide. L’homme est heureux, non dans la suppression d’une insatisfaction, mais dans l’exercice même de ses forces. Y a-t-il définition plus idéale pour le perfectionnement de l’homme ?

Nietzsche réussit le tour de force de penser un véritable idéal à l’intérieur des frontières de la réalité.