Visa se positionne sur le paiement garanti

Publié le 26 décembre 2018 par Patriceb @cestpasmonidee
Les startups européennes spécialisées dans les échanges d'argent sécurisés grâce à un tiers de confiance n'ont qu'à bien se tenir : Visa a conclu un partenariat avec la britannique Shieldpay en vue d'introduire une solution à base de paiement par carte, qu'elle veut proposer aux sites de petites annonces et autres ventes entre particuliers.
Dans la majorité des cas, au moment de conclure une transaction avec une personne privée, se pose la grande question de confiance : payer d'avance pour rassurer le vendeur (et risquer de ne jamais recevoir l'objet désiré) ou attendre la livraison pour régler son dû (et se dédouaner des acheteurs indélicats) ? Même lorsque l'opération se traite ou se finalise en face à face, il est difficile de ne pas penser aux agressions qui font fréquemment les colonnes des faits divers dans la presse.
Il est vrai que les options disponibles aujourd'hui laissent peu de choix. En dehors des plates-formes les plus importantes, qui offrent leur propre garantie, les acteurs de la vente de particulier à particulier ont tendance à laisser le problème du paiement à la charge de leurs utilisateurs. Ces derniers se résolvent donc à un paiement comptant, par virement, par carte (quand le fournisseur le permet), en espèces ou par chèque (moyennant une rencontre physique), voire par chèque de banque pour les montants élevés.
Ces derniers temps, quelques jeunes pousses se sont intéressées à ce marché, ou du moins certaines de ses niches, à l'instar de Paycar et Depopass, en France, toutes deux focalisées d'abord sur les achats de véhicules d'occasion. Leur fonctionnement consiste à agir comme séquestre des fonds jusqu'à l'accord final entre les parties. Ce modèle à rapidement attiré l'attention des banques : la première a ainsi fait entrer BNP Paribas à son capital tandis que la deuxième a été acquise par le groupe BPCE.

Il ne peut évidemment être question pour Visa de laisser de la sorte échapper une catégorie de mouvements qui reste en manque de moyens de paiement adaptés. Et, grâce à son accord avec Shieldpay, l'entreprise peut apporter quelques avantages spécifiques aux consommateurs. En effet, alors que les virements mis en œuvre par les startups citées induisent des délais d'exécution (en attendant la généralisation des transferts instantanés), le recours à la carte autorise une réactivité bienvenue.
Cette caractéristique lui ouvre peut-être plus largement la porte à un usage pour tout type d'échanges, quel qu'en soit le montant. Pour le reste, le système mis en œuvre est résolument classique : l'acheteur verse le montant demandé sur le compte de Shieldpay, qui ne transmettra l'argent au vendeur que si ses deux interlocuteurs confirment la bonne fin de la transaction (ou aidera au règlement du litige, le cas échéant).
Comme sa concurrente Mastercard, qui s'écarte de son territoire d'origine (la carte), Visa voit évoluer les habitudes et les modèles de paiement. Afin de ne pas se laisser damer le pion par les nouveaux entrants ou, dans une moindre mesure, par les nouvelles approches développées dans les institutions financières traditionnelles, il lui faut impérativement rester vigilante aux besoins de ses clients historiques et leur apporter des solutions adaptées, autant que possible en capitalisant sur ses produits existants.