Noël est le jour où les cadeaux s'échangent. Cette tradition qui remonte à l'Antiquité n'a toutefois pas la même signification pour les chrétiens que pour ceux qui, en fait, célèbrent ce jour-là le solstice d'hiver.
Le pape Benoît XVI a donné, me semble-t-il, de manière lumineuse, la signification chrétienne de ces échanges il y a douze ans, dans son homélie du 24 décembre 2006:
Noël est devenu la fête des dons, pour imiter Dieu qui s’est donné lui-même à nous. Parmi les nombreux dons que nous achetons et que nous recevons, n’oublions pas le vrai don: de nous donner les uns aux autres quelque chose de nous-mêmes.
Ce n'est donc pas une affaire, économiquement parlant, même si d'aucuns en profitent. Ce serait même plutôt le contraire puisque ces dons n'ont d'autre utilité que spirituelle et... qu'ils ne sont même pas toujours du goût de ceux qui les reçoivent.
A mes lecteurs, parce que je ne me cache pas d'être catholique, je souhaite faire cette année un cadeau purement spirituel, en espérant que, s'ils ne sont pas chrétiens, ils en apprécieront du moins la beauté littéraire.
Ce cadeau, c'est un poème, de Charles Péguy, pour lequel j'ai une forte dilection. Il est de circonstance puisqu'il s'intitule, en toute simplicité, La Crèche:
Les solives du toit faisaient comme un arceau.
Les rayons du soleil baignaient la tête blonde.
Tout était pur alors et le maître du monde
Était un jeune enfant dans un pauvre berceau.
Sous le regard de l’âne et le regard du bœuf
Cet enfant reposait dans la pure lumière.
Et dans le jour doré de la vielle chaumière
S’éclairait son regard incroyablement neuf.
Le soleil qui passait par les énormes brèches
Éclairait un enfant gardé par du bétail.
Le soleil qui passait par un pauvre portail
Éclairait une crèche entre les autres crèches.
Mais le vent qui soufflait par les énormes brèches
Eût glacé cet enfant qui s’était découvert.
Et le vent qui soufflait par le portail ouvert
Eût glacé dans sa crèche entre les autres crèches
Cet enfant qui dormait en fermant les deux poings
Si ces deux chambellans et ces museaux velus
Et ces gardes du corps et ces deux gros témoins
Pour le garer du froid n’eussent soufflé dessus.
Sous le regard du bœuf et le regard de l’âne
Cet enfant respirait dans son premier sommeil.
Les bêtes calculant dedans leur double crâne
Attendaient le signal de son premier réveil.
Et ces deux gros barbus et ces deux gros bisons
Regardaient s’éclairer la lèvre humide et ronde.
Et ces deux gros poilus et ces deux gros barbons
Regardaient sommeiller le premier roi du monde.