On ne pourra pas dire que 2019 ne commence pas fort avec l'arrivée du dernier Robert Zemeckis : Bienvenue à Marwen. Film puissant bien qu'imparfait.
C'était sans doute une de nos plus grosses attentes de ce début d'année (avec Creed II évidemment !) et c'est peut-être là le principal défaut de Bienvenue à Marwen : ne pas avoir satisfait toutes nos espérances. Il ne se découvre ainsi pas tant de problèmes qu'il nous laisse de regrets, à moins qu'un director's cut se cache quelque part, prêt à nous faire taire lors d'une prochaine sortie vidéo. En l'état, on va déjà parler de sa version ciné.
Il faut saluer avec quelle maestria Robert Zemeckis dirige son film.Ce n'est pas un secret, l'homme est un véritable créateur de mondes dans lesquels il sait raconter de belles histoires. Avec son mélange de drame humain et de guerre plastique, le réalisateur se livre à un exercice de style - il n'est d'ailleurs jamais aussi bon que quand il réunit les deux univers dans une même séquence - où les trouvailles scéniques fusent. Ça fait bien longtemps qu'on ne l'avait pas vu aussi inspiré. Qui d'autre que lui aurait pu si bien représenter la lutte contre le traumatisme et l'addiction tout en se tapant un délire égocentrique sur Retour vers le Futur ?
Les femmes te souhaitent la Bienvenue à Marwen
Dans le rôle principal, Steve Carell confirme qu'il faudra compter sur lui lors des récompenses. Il livre une interprétation tout en sensibilité (presque à la limite de l'autisme) et en tendresse, conférant au personnage un aspect presque enfantin, celui d'un homme réfugié dans un monde imaginaire pour ne plus souffrir.
Lors d'une séquence effroyable par son propos, le long-métrage nous parle, à travers de Mark Hogancamp, du sentiment de culpabilité d'une victime qui se pense fautive d'avoir voulu être elle-même. Derrière le silence, le choc, il a la perte d'une identité, un rejet de soi. Difficile de ne pas y voir un (beau) message de Zemeckis aux femmes dont la parole s'est (enfin) libérée, surtout dans un film qui n'aura de cesse de leur rendre hommage.
Sauf qu'obnubilé par sa figure masculine, le cinéaste ne cantonne ses dernières, à deux exceptions près, à des héroïnes de plastique dont le seul but est de sauver celui qui collectionne leur " quintessence ". Alors qu'il y a beaucoup de choses à dire sur leurs propres addictions, leurs vies, Zemeckis ne fait que les effleurer sans quitter Carell des yeux. De là né, à notre sens, le manque du film : celui d' évoquer énormément les femmes, mais les mettre si peu en scène. Bienvenue à Marwen n'en demeure pas moins un bon cru 2019, malgré les armes pour être exceptionnel.
Bienvenue à Marwen sort le 02 janvier 2019
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