Ici, quand le vent meurt,
les mots défaillent.
Et le moulin ne parle plus.
Et les arbres ne parlent plus.
Et les chevaux ne parlent plus.
Et les brebis ne parlent plus.
Se tait le fleuve.
Se tait le ciel.
Se tait l’oiseau.
Et se tait le perroquet vert.
Et, là-haut, se tait le soleil.
Se tait la grive.
Se tapit le caïman.
Se tait l’iguane.
Et se tait le serpent.
Et, en bas, se tait l’ombre.
Se tait tout le marais.
Se tait tout le vallon.
Et se tait même la colombe
qui au grand jamais ne se tait.
Et l’homme, toujours silencieux,
de peur, se met à parler.
*
Balada del silencio temeroso
Aquí, cuando muere el viento,
desfallecen las palabras.
El molino ya no habla.
Los árboles ya no hablan.
Los caballos ya no hablan.
Las ovejas ya no hablan.
Se calla el río.
Se calla el cielo.
Y el benteveo se calla.
Y el loro verde se calla.
Y el sol, arriba, se calla
El zorzal se calla.
Se calla el lagarto.
Se calla la iguana.
Se calla la víbora.
La sombra, abajo, se calla.
Se calla todo el ganado
y la barranca se calla.
Se calla hasta la paloma,
que nunca jamás se calla.
Y el hombre, siempre callado,
entonces, de miedo, habla.
***
Rafael Alberti (1902-1999) – Ballades et chansons du Parana (Baladas y canciones del Paraná) (Losada, 1954) – D’Espagne et d’ailleurs (poèmes d’une vie) (Le Temps des Cerises, 1998) – Traduit de l’espagnol par Claude Couffon.
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