Je me trouve derrière le pays du rien.
Derrière le pays du rien, il est un lieu.
Derrière le pays du rien, les veines de l’air regorgent d’aigrettes
Apportant des nouvelles de la fleur éclose au plus lointain bouquet de la terre,
Et les sables gardent trace des chevaux de ces sublimes cavaliers qui, au matin,
Gravirent la colline où s’élève le coquelicot.
Derrière le pays du rien, le parapluie du désir est ouvert :
Dès qu’une brise de soif s’élance au cœur d’une feuille,
Le tocsin de la pluie se met à sonner.
Ici l’homme est seul
Et dans cette solitude l’ombre d’un orme court pour l’éternité.
Si vous venez à moi,
Venez-vous en doucement, de crainte que ne se craquelle
La fine porcelaine de ma solitude.
*
The Oasis of Now
If you are looking for me,
I am beyond nowhere.
Beyond nowhere there is a place
where all messages disperse in the veins of the sky,
bringing news of the blossoming
of all the remote gardens in the far corners of the world.
The ground bears light hoofprints of dainty horses
climbing the poppy-thick hills.
Beyond nowhere there is a place desire opens like an umbrella,
breeze like thirst sinks deep into the leaves.
Bells of rain carol fresh watery tunes
about how lonely humans are here
where the shadows of tree trunks stream into endlessness.
If you are looking for me,
come soft and quietly, lest you crack the glass heart
that cups my loneliness.
***
Sohrab Sepehri (1928-1980) – Volume Vert