Ce mois de décembre a apporté une flopée de mots qui sans être formellement nouveaux, se sont imposés par le bruit et la fureur. Ces dernières semaines, bien des mots furent lâchés, rabâchés dans un joyeux désordre.
Encore une lubie d’Outre-Atlantique, vint début décembre le Black Friday qui s’est francisé en blaquefrailledès, journée à la gloire de la marchandise installée dans une démarche bien rodée de surconsommation. La révolte, qui n’est pas l’insurrection qui est annoncée, s’est, de son côté, exprimée en jaune. Il y a là un sérieux renversement du code chromatique de la revendication. Jadis, l’Orient était rouge. Désormais, la colère s’exprime en jaune, couleur à la signification symboliquement contrastée. Les Gilets jaunes, que personne n’a songé à nommer les Canaris, les Poussins ou les Maillots jaunes, se sont retrouvés comme des bleus en organisation des manifestations. Exprimer une colère noire nécessite de l’expérience. Peu à peu, vint le moment de l’affirmation du mouvement qui lentement prit des couleurs. « Êtes-vous Gilet jaune ? », « Soyez Gilet jaune ! », devenait la rengaine d’un mouvement qui en a fait voir de toutes les couleurs au pouvoir en place. Chacun cherchait sa couleur. Sous les photos des gravats des terrasses pillées et des dégradations diverses, aurait pu s’inscrire United colors of Gilets jaunes en guise de signature. Le jaune est assurément la marque identitaire de ce mois de décembre. Les Jaunes n’en démordaient pas, il fallait que le pouvoir prît une veste.
Dans le concert des mots que certains traînent comme des casseroles, voici le RIC, acronyme pour Référendum d’initiative citoyenne. Il faudra attendre un peu pour savoir si les petites promesses de Macron seront honorées avec largesse ou simplement ric-rac, prélude de la trappe, nigauds qui y ont cru. Dans ce concert de mots, la petite surprise est que le pays a remis au centre le social. Macron a-t-il bien perçu l’explosion, lui qui n’a pas cherché à devenir l’idole des Jaunes ?