Ma mère se cachait pour pleurer de Peter Stephen Assaghle

Par Rambalh @Rambalh
Ma mère se cachait pour pleurer est un livre que m’a prêté une amie gabonaise pour que je découvre encore un peu plus la littérature de son pays, après m’avoir fait lire un classique de chez elle. Un pas de plus vers de nouvelles histoires, de nouveaux points de vue et des personnages qui ont beaucoup à offrir.

Quatrième de Couverture
Ma mère se cachait pour pleurer (pour mourir pourrait-on dire) est un texte d’une théâtralité incroyable et aux rebondissements inattendus, qui invite à s’interroger, à s’offusquer, en même temps qu’à s’examiner sur les tabous de notre société tels que les grossesses précoces, l’inceste, l’adultère à l’intérieur des familles, le mauvais œil, le poids des échecs, l’exil forcé (du cœur et de l’âme)…
Mon avis
Ma mère se cachait pour pleurer est un livre que m’a prêté une amie gabonaise pour que je découvre encore un peu plus la littérature de son pays, après m’avoir fait lire un classique de chez elle. Un pas de plus vers de nouvelles histoires, de nouveaux points de vue et des personnages qui ont beaucoup à offrir.
Fam est un adolescent, pas tout à fait un homme, qui découvre les joies de l’amour physique grâce à Rita, la belle et douce Rita pour qui il développe un amour sans limite. Seulement, Rita traîne une réputation de fille facile, une fille que beaucoup d’autres jeunes garçons disent avoir déjà couchée sur un lit. Pourtant, ce n’est pas le cas, elle est simplement la fille qui ne dément pas si on ne lui pose pas directement la question et nombreux sont ceux qui en profitent pour se faire mousser dans le quartier.
Rita a aussi une vie tout sauf Rose. Une grossesse prématurée vient mettre en lumière la réalité de son quotidien, de la façon dont la traite sa belle-mère, Olouna, aux abus qu’elle subit de la part de son père. Rita est l’incarnation de l’âme pure blessée par la vie mais qui garde espoir, qui tient cet espoir de vie meilleure, capable d’aimer malgré tout. Fam n’est qu’un enfant finalement à côté d’elle, un petit garçon qui découvre toute la réalité du monde, de son entourage, de l’horreur dont sont capables certains êtres humains. Il est cet être naïf, maladroit aussi, parfois blessant, qui apprend et se construit à travers les épreuves.
Mais ce livre n’est pas simplement l’histoire de Rita et Fam, il est aussi celle de la mère de Fam, comme l’indique le titre, cette femme forte, digne, qui subit l’infidélité de son mari et qui encaisse jusqu’à ce que les choses aillent trop loin. Mais trop loin dans quel sens ? Et pour qui ?
Parce que, finalement, ce livre est une illustration de la condition des hommes et des femmes, la mise en lumière des travers de l’Humanité dans une société gabonaise qui a ses codes, ses préjugés, ses traditions… Tout en restant similaire à ce qu’il se passe ailleurs. Partout dans le monde il existe des parents qui abusent de leurs enfants. Partout dans le monde il existe des personnes qui réussissent à obtenir des faveurs grâce à leurs réseaux. Partout dans le monde les femmes sont élevées de sorte à voir en chaque autre femme une rivale potentielle avant d’y voir une alliée. Nous devrions être sœurs avant tout et la société nous oppose, et pas dans le travail ou encore les loisirs, non, mais face aux hommes. Critiquer une femme sur sa tenue, sur ses mœurs, ses choix, ses goûts… Et quelque chose qui nous semble naturel, qui nous permet même de nous rapprocher des hommes.
« J’ai plus d’amis garçons que filles, parce que les autres filles elles sont trop méchantes entre elles. » Combien de fois avons-nous entendu ou même prononcé cette phrase ? Elle n’a pas une origine biologique mais bien culturelle. On grandit dans un monde où les femmes doivent rivaliser pour plaire, pour sortir du lot. « Plus de ceci, moins de cela, sois belle mais sois aussi intelligente parce que juste belle, tu ne feras pas long feu… » Et c’est aussi ça que j’ai vu à travers ce livre, ce qu’on attend des femmes. Très fortes et caractérielles pour tenir un foyer, assez dociles pour faire des sacrifices, capables du pire pour l’amour d’un homme, belles mais pas vulgaires, intelligentes mais pas trop non plus… La Femme est la figure forte de ce livre, là où l’Homme est celui qui faillit régulièrement. Mais à quel prix ? Celui de la résilience. Et si cela semble beau, ça ne l’est pas tant que ça puisque nous vivons dans un monde où plutôt que d’apprendre aux gens à ne pas blesser, on apprend à encaisser. Au lieu de s’abandonner à la vie on se protège au fil des épreuves, jusqu’aux prochaines.
L’Humanité est pleine de failles et c’est ce qu’illustre Ma mère se cachait pour pleurer, notamment à travers les secrets, les trahisons et les sévices. Mais ce livre offre aussi un espoir qui, s’il n’est pas l’idéal que l’on voudrait, permet de continuer à vivre et d’atteindre, peut-être, des moments de bonheur suffisamment forts et nombreux pour ne pas se laisser abattre.
Avec son premier roman, Peter Stephen Assaghle a réussi à capter mon attention malgré quelques maladresses d’écriture. Il m’a embarquée dans son univers et je suis bien contente d’avoir tournée les pages de son livre.
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