Dans un monde qui se tourne de plus en plus vers l'individualisme, les solutions collectives de planification de la retraite deviennent moins prépondérantes. Il revient alors à chacun de prendre en main son avenir, dès le plus jeune âge. Hélas, une majorité de nos concitoyens manquent cruellement des connaissances de base nécessaires.
Même si le modèle par capitalisation constitue déjà la règle aux États-Unis, de profondes transformations des comportements affectent son fonctionnement historique. En effet, les programmes d'épargne retraite mis en place par les grands employeurs ne satisfont plus seuls aux besoins de salariés qui changent fréquemment d'entreprise et se tournent massivement vers le travail indépendant. Il est incontestable que des mécanismes complémentaires sont requis pour accompagner ces évolutions.
Dans les pays, comme la France, où le système par répartition prévaut (y compris pour les freelances), la menace sur sa viabilité que fait peser le vieillissement de la population induit, certes dans une moindre mesure, une exigence similaire. Si celle-ci passe par l'investissement financier, la plupart d'entre nous sommes d'autant plus désavantagés, notre protection sociale universelle nous ayant toujours isolé de ses arcanes, au moins en ce qui concerne la préparation de la retraite.
Naturellement, les catalogues des institutions financières regorgent d'innombrables produits à proposer à leurs clients afin de pallier aux déficiences des instruments génériques. Malheureusement, sans éducation préalable sur les différentes options disponibles, sur les modalités de calcul d'une projection à 20 ou 30 ans, sur les risques à prendre en compte… et, plus trivialement, sur l'importance de penser à son avenir, ils inspirent d'abord la méfiance, puis, au mieux, sont mal utilisés.
Pas de panique. Voici que BlackRock, le géant de la gestion d'actifs, vient au secours des travailleurs américains, en collaboration étroite avec Microsoft. Que concoctent ces deux-là ? Impossible de le savoir précisément, si ce n'est qu'il est question de profiter des technologies modernes – cloud et intelligence artificielle, notamment – et de nouveaux outils financiers pour assister concrètement les consommateurs dans la planification au long cours de leur retraite et l'atteinte de leurs objectifs de vie.
La promesse vous rappelle quelque chose ? Effectivement, elle ressemble fort à celle que formulent beaucoup de plates-formes d'investissement robotisé (« robo-advisor ») à travers le monde. BlackRock serait-il donc en train d'imaginer une solution de ce genre exclusivement consacrée à la retraite ? L'idée ne manquerait pas d'intérêt, car la reconnaissance du besoin d'accompagnement de proximité confronté à l'échelle de temps de tels projets peut justifier une approche et une mise en œuvre spécifiques.
Dans cette hypothèse, il reste cependant un immense chemin à parcourir. Et, loin d'être purement technologique, l'enjeu majeur sera de trouver les moyens d'influer sur les habitudes des consommateurs vis-à-vis de leur argent, de manière à les inciter à épargner volontairement pour le très long terme. Hypothèse évoquée par BlackRock, la recherche d'un engagement régulier des clients avec leur retraite est-elle la bonne ? Non seulement a-t-elle peu de chances d'opérer mais peut-être vaudrait-il mieux, au contraire, rendre l'épargne retraite aussi invisible (et indolore) que possible…