Le film s’attache au parcours de Mowgli (Rohan Chand II) qui, enfant, est élevé par une meute de loups au cœur de la jungle indienne. Tandis qu’il apprend les lois souvent âpres de la jungle, sous la responsabilité de l’ours Baloo (Andy Serkis) et de la panthère Bagheera (Christian Bale), Mowgli est accepté par les animaux de la jungle comme l’un des leurs – sauf par le terrible tigre Shere Khan (Benedict Cumberbatch). Mais des dangers bien plus redoutables guettent notre héros, au moment où il doit affronter ses origines humaines.
Disponible sur Netflix depuis le 7 décembre dernier, Mowgli – La Légende de la Jungle est la nouvelle adaptation cinématographique du Livre de la Jungle (de Rudyard Kipling), 2 ans après la version Disney de Jon Favreau. Une nouvelle adaptation qui, par la volonté féroce de son réalisateur (Andy Serkis) de coller au plus près de la richesse du roman original, apparaît indéniablement comme l’une des plus ambitieuses. Bien que le film reste globalement familial, son approche plus sombre et violente tranche en effet nettement avec les œuvres précédentes. Un bon point dans l’optique de conférer – enfin – à la célèbre histoire toute la gravité qu’elle mérite. A travers le personnage de Mowgli, véritable trait d’union entre la jungle et le monde des hommes, le récit traite ainsi en profondeur de la recherche identitaire. Un sujet qui, malgré son manque évident d’originalité, séduit toutefois ici par son traitement, sinon subtil, du moins non manichéen. Sans pour autant éviter les raccourcis, le long-métrage a effectivement le mérite de ne pas défendre un univers plus que l’autre, accordant aux deux une complexité louable. Si la cruauté des hommes envers les animaux est fort logiquement abordée à l’écran, l’ostracisme qui sévit dans les meutes (et dont souffrent notamment Mowgli et son acolyte albinos) n’est pas non plus négligé.
D’un point de vue purement scénaristique, on ne pourra cependant pas s’empêcher de regretter le côté un peu expéditif de la plupart des événements, le film semblant vouloir rejoindre au plus vite l’acte final (lui aussi survolé). Difficile dès lors d’éviter un sentiment de précipitation. A l’image par exemple de cette arrivée dans le village des hommes, qui modifie bien trop vite le comportement du héros. Un sentiment de précipitation qui transparaît aussi dans la dimension artistique, certains aspects techniques souffrant du même empressement. Plus que le montage précipité, on notera surtout le rendu visuel parfois très inégal, l’image alternant tour à tour le bon et le moins bon. Un constat d’autant plus regrettable que le bon est vraiment très bon, le film nous gratifiant à plusieurs reprises de plans d’une beauté sidérante. J’en veux notamment pour preuve cette scène sublime de la mare entre Mowgli et Shere Khan ! En parlant de Shere Khan, si les animaux parlants peuvent, bien sûr, être un peu déroutants dans certaines situations, force est néanmoins de constater que les acteurs qui les incarnent leur apportent une vraie identité. Au-delà de Benedict Cumberbatch, incroyable en Shere Khan, on retiendra principalement les performances de Christian Bale et Cate Blanchett, tous deux superbes en Bagheera et Kaa.
En définitive, avec Mowgli – La Légende de la Jungle, Andy Serkis signe donc une nouvelle adaptation séduisante du Livre de la Jungle. Plus sombre et violent que ses prédécesseurs, le film n’est toutefois pas complètement à la hauteur de ses ambitions, survolant trop souvent son intrigue et son visuel. Reste néanmoins un beau spectacle familial.