Une légende de la musique, du rock, de l'émotion et du déferlement : tout Paul McCartney est là, dans cette formule. Il nous a été donné de le vérifier lors de son dernier saut en France, le 28 novembre, à l'occasion de sa tournée Freshen Up.
À l'Aréna de Nanterre, il est venu défendre son nouvel album, Egypt Station, sorti quelques semaines plus tôt. Pourtant, plus de la moitié de la setlist était signée par les Beatles : A hard day's night, première d'une longue série où se mêlent All my loving, From me to you, Got to get you into my life... Au total, 23 chansons sur 38 venaient de la discographie du quatuor le plus connu du monde. Question de stratégie... Back in the USSR ou Obladi-oblada envoûtent davantage que Who Cares ou Queenie Eyes issues de ses deux derniers albums ( Egypt Station sorti en 2018 et New sorti en 2013).
Que la période Beatles soit sacrée, c'est une évidence. Que celle des Wings provoque l'ovation de la foule, une réalité. Maybe I'm amazed, en hommage à Linda McCartney, émeut autant que Live and let die, interprétée à la lumière de flammes et du feu d'artifice, surprend. Qu'importe le style, quand Paul arpente la scène, c'est en conquérant : dès les premières notes du morceau jazz My valentine, je vois une personne âgée se lever de son fauteuil roulant pour mieux apprécier le moment. Je pourrais croire au miracle. Je préfère imaginer qu'elle s'est simplement assez reposée...
Mais les plus belles scènes du concert se vivent sur les notes de Let it be et de Hey Jude qui créent une symbiose. Lors de la première, derrière son piano à queue, Paul voit flotter 40.000 lumières de téléphones portables. Ensuite, jouant Hey Jude sur un piano coloré, il entend la salle entière reprendre la strophe mythique du morceau. " Na na na na na na na na, hey, Jude.. " 40.000 poitrines à l'unisson produisent ainsi l'une des plus belles, l'une des plus émouvantes images de l'histoire de la musique.
A l'exception de quelques détails de setlist, le show ne s'est pas franchement renouvelé ces dernières années... Paul ouvre toujours le rappel par un port de drapeaux : le britannique et le français. Blackbird est toujours interprétée sur un bout de scène qui se soulève. Ce moment est donne une idée assez précise de ce que peut être l'intemporalité. Seules la voix vieillie (ce qui ne veut pas dire abîmée) de Macca et les cordes de sa guitare acoustique résonnent dans la salle assombrie. On retrouve le même concept des séries de photos et vidéos des Beatles qui défilent derrière McCartney et ses musiciens. Lors de Something, qui crée une agréable surprise chez ceux qui viennent pour la première fois, ce sont George et Paul qui occupent l'écran.
Un concert, on aimerait que ça ne se termine jamais. Surtout celui-là... C'est dire si le Britannique excelle en matière de final... Macca choisit finement de clore la soirée par le dernier emboîtement de la face B de Abbey Road : Golden Slumber/ Carry That Weight/ The End qui marque avant tout la fin de la discographie des Beatles. Face à la scène, au premier rang, un homme s'agenouille sur sa chaise. Les bras tendus vers le ciel, à pleins poumons, il reprend le refrain, avec son idole. Comme s'il chantait la BO de sa vie. Au fond, c'est un peu ça qu'incarne Sir Paul : la vie...