Encore un porte-monnaie électronique…

Publié le 10 décembre 2018 par Patriceb @cestpasmonidee
J'avoue que je ne comprends décidément pas la stratégie des acteurs du paiement et de la grande distribution, que viennent de rejoindre Natixis et le Groupe Casino en annonçant [PDF] le lancement de leur nouveau porte-monnaie électronique. Où nous mène donc cette prolifération de solutions toutes plus ou moins identiques ?
Au rythme actuel, chaque grande enseigne de l'hexagone possèdera bientôt sa propre plate-forme de paiement. Au mieux, celle-ci propose de régler ses achats d'un geste en boutique, sur le web et sur mobile, inclut programmes de fidélité et autres formes de promotions, garantit une sécurité absolue… Celle de Casino ne sera déployée dans un premier temps que pour le commerce en ligne, sur le site de CDiscount, mais elle ajoute à la panoplie traditionnelle une option de paiement en plusieurs fois.
Pour quelle valeur ajoutée ? Toutes ces possibilités sont déjà disponibles, et parfois intégrées de longue date dans les habitudes des consommateurs. Dans les e-boutiques, nous avons déjà tous créé un compte personnel – auquel sont rattachés nos coordonnées, nos promotions et, le cas échéant, les informations de notre carte bancaire – qui nous permet de valider notre commande instantanément (le paiement en 1 clic d'Amazon a plus de 20 ans !). En magasin, les programmes de fidélité remplissent cet office et quand ils seront liés aux cartes de paiement, la même simplicité sera atteinte.

Par ailleurs, les obstacles spécifiques qui se dressent devant les marques pour faire accepter un porte-monnaie électronique constituent un handicap qui réduit encore ses chances de succès. La phase d'enrôlement, en particulier, est un facteur majeur de désaffection, comme le souligne l'exemple de l'introduction d'une option de paiement Apple Pay par eBay – dont l'adoption semble plafonner à 12% de la population éligible, alors qu'elle représente certainement un modèle en termes d'expérience utilisateur.
Pourquoi les clients s'embarqueraient-ils dans une procédure moins familière et souvent plus complexe que celle qu'ils utilisent depuis des années, pour des bénéfices peu visibles, sinon totalement inexistants ? Au bout du compte, leurs dépenses seront toujours imputées sur la même carte ou sur le même compte, et la seule nouveauté à attendre, si la multiplication des initiatives se poursuit, sera l'émergence d'une multitude de systèmes différents, hétérogènes d'une boutique à l'autre, au détriment de la qualité et de l'efficacité des parcours de vente. Seule une vraie rupture pourra changer la donne !