2 ou 3 conseils à Emmanuel Macron avant son discours du soir.

Publié le 10 décembre 2018 par Pierre Thivolet @pierrethivolet

Ce soir, surtout pas faire prof !

Il paraît que nous attendons tous le discours du Président de la République ce soir. Personnellement je n’en attends pas grand-chose. Face à tant de demandes qui partent un peu dans tous les sens que peut-il proposer ? Et puis cristallisant sur sa personne tant de haines peut-il être entendu ? Alors comme je ne fais pas partie des « yaka » « fokon » qui ont la chance d’avoir la recette qui nous permettra demain de vivre plus heureux dans un monde plus juste, je me contenterai de donner quelques conseils non sur le fond, mais sur la forme. D’abord Manu, non pardon, Monsieur le Président, fais courtOn sait que vous êtes intelligent, brillant, cultivé. Vous avez fréquenté Paul Ricoeur et ça, pour tous ceux qui pensent que vous n’avez pas de cœur, c’est un formidable démenti, car Ricoeur quel philosophe ! Vous avez fait l’ENA, et ça c’est formidable, réussir le grand oral, tout savoir sur le droit administratif, la géopolitique du Caucase, Méthode et Cyril, cela force le respect. La grande école de la République qui forme les meilleurs d’entre nous, Giscard d’Estaing, Juppé, Chirac, Wauquiez, Hollande, Philippot, (là je m’égare un peu), l’ENA c’est quand même du lourd. Mais attention, quand tu nous parles, ne fais pas une conférence comme à Sciences Po. Nous, on décroche au bout de 10 mn. Et pourtant on n’est pas bêtes, même si on n’a pas fait l’ENA, mais c’est chiant. Il faut apprendre à faire plus court. Deuxième conseil. Fais simple. Pas simpliste. A l’heure de la start-up nation, des tweets et des réseaux sociaux, au-delà de 150 signes, c’est mort. Alors on trie, on sélectionne, on va à l’essentiel, on délivre tout de suite son message, sans faire de périphrases ou des ronds de jambe interminables. Je sais : C’est pas facile. Surtout quand on est habitué à s’écouter parler ou à se répandre en longues logorrhées. Logorrhée. Là encore attention aux choix des mots, plus le message est court, plus chaque mot compte. Encore une fois, on élimine le superflu, pour prendre de la hauteur, c’est comme pour les montgolfières, il faut jeter du lest. Troisième conseil. Le medium c’est le message. On adapte le contenu aux media(s). et les médias aujourd’hui au-delà de la télé c’est internet sur lequel la moindre petite phrase devient une punchline. Pas d’envolées lyriques. Tout le monde n’est pas André Malraux devant le Panthéon. Ni le général De Gaulle en 68. Et sans faire son banquier d’affaires ou son inspecteur des finances. Oui, ça peut impressionner quand on négocie des fusions acquisitions mais pas quand on parle à ses concitoyens. Fais-nous du storytelling. Raconte-nous une histoire. Attention : Story-telling, ce n’est pas raconter des histoires. Ne nous raconte pas d’histoires. Oui la nuance est peut-être subtile mais nul doute qu’à L’Elysée il y a suffisamment d’experts en communication pour te prodiguer ces conseils. Sinon ? sinon, c’est la merde.