« Désormais, quand il y a une grève, plus personne ne s'en aperçoit. » La petite phrase, lâchée samedi par Nicolas Sarkozy, lors du Conseil national de l'UMP, n'en finit pas de faire des remous (lire ci-dessous). Inefficaces, les grèves ? Inexistants, les conflits au travail ? Invisibles, les syndicats ? Sans doute, le nombre des grèves est en diminution. Un rapport du ministère du Travail fait état d'un recul de 23 %, en 2006, comparé à 2005, du nombre de journées perdues en raison de grèves. Comparé à nos voisins, le niveau de grèves en France est très bas, « en dessous des moyennes européennes », juge le chercheur à l'Institut de recherche économique et social, Jean-Marie Pernot. Mais ce mouvement ne date pas d'hier. Ni même de 2007, année d'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République.
« Conflictualité larvée »
Pour Jean-Marie Pernot, « il y a depuis plusieurs années une tendance longue à la diminution de conflits en France ». Surtout dans le secteur public, « particulièrement dans les transports, note le chercheur. À la SNCF, la grève a diminué dans des proportions extraordinaires en quinze ans, grâce aux dispositifs de prévention des conflits ».
Il n'empêche, note Jean-Marie Pernot, « il y a eu beaucoup de grèves en début d'année sur les salaires. Et des petites grèves qui sont rarement décomptées. Au-delà du nombre de jours de grève, une conflictualité larvée dans les entreprises se renforce. » Une analyse confirmée par le ministère du Travail qui a constaté que les conflits du travail sont plus nombreux et portent davantage sur les salaires qu'il y a une décennie environ. Et que d'autres modes d'action progressent : « Débrayages, manifestations en ville, pétitions, refus collectifs d'heures supplémentaires, égrène le chercheur. Il y a aussi d'autres modes de résistance, comme le repli sur soi-même, se désinvestir au travail, le sabotage dans une forme extrême. »
Autre particularité des relations sociales en France : contrairement, à l'Allemagne, par exemple, on n'est pas encore sortis du tripartisme (État, patronat, syndicats). Si bien qu'à l'occasion d'une grève, on remet volontiers en cause la légitimité du pouvoir politique. Mais, cette fois, on ne pourra pas reprocher aux syndicats d'avoir « cherché » le pouvoir politique...
(Source Ouest-france.fr)