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Comment la science peut-elle faire du storytelling ?

Publié le 06 décembre 2018 par Dangelsteph
Comment la science peut-elle faire du storytelling ?

Malgré l'intérêt essentiel des données qu'ils ont à transmettre, les scientifiques ont du mal à être aux avant-postes côté storytelling.

Ce n'est pas que les scientifiques pensent que le storytelling leur est inutile. Ils ont simplement du mal à appréhender son utilisation face à tous ceux qui les concurrencent dans la prise de parole. Ce sont deux chercheurs qui le disent : Michael F. Dahlstrom et Dietram A. Scheufele, respectivement de l'université d'Iowa State et de Wisconsin-Madison. Ils ont publié leurs travaux dans la revue PLOS Biology en octobre 2018.

Le paradoxe de la science face au storytelling

Les histoires (le storytelling donc) ont une capacité unique à engager le public sur des "sujets de science". Ces sujets sont d'autant plus importants que les travaux des scientifiques ont vocation à servir aux réflexions et prises de décisions en matière de politiques publiques. Les scientifiques sont toutefois concurrencés par d'autres preneurs de parole (journalistes...) sur les mêmes thèmes. Et ces autres communicants n'incluent pas les preuves des scientifiques dans leurs écrits.

Les rapports entre le storytelling et la science sont d'autant plus paradoxaux que les scientifiques ont déjà intensément étudié la production et le rôle des émotions, ingrédient clé du storytelling.

Storytelling vs. science ?

Les scientifiques admettent que le storytelling est un moyen de produire et diffuser des connaissances, mais qu'il n'est pas scientifique. Et pour une raison simple : le storytelling est une focalisation (centrage délibéré sur des aspects précis, contextualisation extrême...) alors que la science est une exploration des possibles. Pour eux, les histoires ne sont pas des données et cela justifie à leurs yeux une réticence certaine. Avec aussi : le risque de désinformation et de manipulation.

Pourtant, que le storytelling est beau...

Les scientifiques ne sont cependant par arc-boutés sur des certitudes.

Ils admettent que l'on puisse raconter l'histoire d'un scientifique qui utilise un raisonnement lui aussi scientifique pour aboutir à une découverte. Ils admettent aussi la narration de l'histoire d'un personnage qui se débat avec un problème jusqu'à ce qu'un raisonnement scientifique permette de réaliser des avancées.

Pour les auteurs de l'étude, c'est effectivement cela, la bonne voie du storytelling pour la science. Les histoires doivent aider à comprendre le processus de production des connaissances scientifiques. C'est aussi un enjeu de lutte contre les fake news. Un public qui comprend comment la science produit ses trouvailles sera plus à même de décrypter des incohérences dans le flux des informations qu'il reçoit.

Le storytelling est altruiste et bienveillant.


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