Kirkley est un prétendant sérieux, un de ceux qui maîtrisent le mieux les techniques françaises classiques aux Etats-Unis. Son plat signature ci-contre est un turbot emmailloté de tranches de légumes et beurre cancalais, exactement le genre de technique qu’il faut pour bien figurer au Bocuse d’Or. De surcroît son parcours est en phase. Chef Kirkley a un parcours de premier de la classe. Il commença sa carrière à Philadelphie, puis déménagea en 2003 à Chicago, ensuite c’est l’Europe (2006-2007), Londres (Fat Duck, Le Gavroche) et Paris (Le Meurice). Sous-chef de Joël Robuchon à Las Vegas, puis deux étoiles Michelin conquises en peu de temps une fois aux commandes du L20 à Chicago. Il avait déjà quitté la cuisine du Coi lorsque l’étoile est tombée. En effet, désirant entièrement se consacrer au concours, il a démissionné de son poste fin 2017. C’est dire la motivation et le risque qu’il prend, c’est bien la première fois où nous constatons un tel scénario, abandonner ses étoiles pour un concours où rien n’est gagné d’avance. Si on compare à la France, avec des difficultés de réunir plus de deux mois head chef et commis, tous deux aux fourneaux dans leurs restaurants respectifs à quelques semaines du concours le plus difficile au monde, l’Américain est en ballotage favorable. Ajoutons-y le fait qu’il connaît la matière depuis son plus jeune âge où il partait pêcher le crabe avec son père dans la baie de Chesapeake, connue pour sa grande variété de poissons et de fruits de mer dont les crabes et les huîtres (Chesapeake en indien signifie « bonne zone de pêche », c’est moins vrai de nos jours en raison de la pollution !). Après l’argent en 2015 et l’or en 2017, les Américains se positionnent dans les favoris avec les Nordiques qui ont monopolisé l’attention au Bocuse d’Or Europe.