Glyphosate : plus de 80 plaintes pénales déposées pour mise en danger de la vie d'autrui

Publié le 06 décembre 2018 par Bioaddict @bioaddict
Les 80 premières plaintes ont été déposées au pénal en France fin novembre 2018 dans le cadre de la Campagne glyphosate, avec pour principal motif la mise en danger de la vie d'autrui. Toutes les analyses d'urine révèlent des contaminations par l'herbicide, jusqu'à plus de 30 fois la dose autorisée dans l'eau. D'autres plaintes devraient suivre car 2000 personnes motivées dans 53 départements vont se livrer à des analyses. ¤¤ Suite à des analyses d'urine révélant des contaminations au glyphosate, 80 premières plaintes ont été déposées au pénal en France fin novembre 2018, avec pour principal motif la mise en danger de la vie d'autrui. Depuis, déjà 2000 autres personnes se sont inscrites sur le site de la Campagne Glyphosate pour faire leurs analyses. Pesticides : les dangers pour la santé et l'environnement OK
Je souhaite également recevoir
les bons plans et offres partenaires
la newsletter des professionnelles

La " campagne glyphosate ", lancée au printemps par des citoyens ariègeois, fait boule de neige malgré les coûts à supporter : 85 € pour une analyse d'urine auxquels s'ajoutent 50 € pour porter plainte. En effet, la campagne consiste dans un premier temps à faire analyser son urine pour vérifier si elle est contaminée -et à quel taux- par la molécule chimique glyphosate utilisée dans de nombreux herbicides. En cas de contamination, les participants sont invités à porter plainte.

Jusqu'à ce jour, toutes les analyses d'urine sans exception ont révélé la présence de glyphosate. La contamination la plus élevée est de 3,55 ng/ml et la plus faible de 0,15ng/ml avec une moyenne à 1,4 ng/ml. A titre de comparaison, il faut savoir que la limite de glyphosate autorisée en Europe dans l'eau du robinet est de 0,1 ng/ml.

Contamination moyenne : 1,4 ng/ml, plus de 10 fois la limite autorisée dans l'eau

Les consommateurs de produits bio n'y échappent pas : un consommateur de produits bio, habitant Foix, dans une zone qui n'est pas en agriculture intensive, est contaminé à un taux qui atteint 33 fois la dose autorisée dans l'eau. Un taux encore supérieur a été détecté chez une jeune maman qui allaite. Même de jeunes enfants sont contaminés.

" La présence du glyphosate dans les urines est importante car il est un marqueur des autres polluants contenus dans les produits commerciaux (herbicides NDLR) dont certains sont beaucoup plus toxiques. Ces analyses révèlent un empoisonnement massif de la population ", explique Dominique Masset, co-président et co-fondateur de l'association à l'initiative de la campagne glyphosate.

Les responsables des industries et des agences sanitaires mis en cause

Huit plaintes pénales ont été déposées cet été au tribunal de Foix en Ariège pour " mise en danger de la vie d'autrui ", " tromperie aggravée " et " atteinte à l'environnement ". Le 15 octobre, une cinquantaine de nouvelles plaintes étaient déposées, à Foix toujours, pour les mêmes motifs.

Elles visent les entreprises qui commercialisent cette molécule (Bayer-Monsanto, Barclay chemical, Adama France, Arysta LifeScience...) mais également les décideurs, notamment la gouvernance des Agences de sécurité sanitaire française (Anses), européenne (Afas) et allemande (BfR) -car celle-ci a été en charge du dossier de ré-homologation- ainsi que l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA). La Commission européenne n'est pas oubliée car elle a ré-autorisé pour 5 ans la molécule en 2017 malgré son classement comme " cancérigène probable " par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en 2015. Les plaintes visent les responsables : les PDG des entreprises et les membres des conseils d'administration des agences, en poste au cours des deux derniers trimestres 2017 et le premier trimestre 2018.

La procureure du tribunal de Foix s'est dessaisie immédiatement des plaintes au profit du pôle de santé public parisien qui les centralise.

Bretagne : les 22 premières plaintes déposées fin novembre

Depuis, la campagne contre le glyphosate s'est étendue à toute la France, des collectifs ont été montés dans 53 départements pour mener des analyses sous contrôle d'huissier et 2000 personnes sont inscrites pour y participer.

Les premiers résultats sont tombés en Bretagne, avec des teneurs des urines en glyphosate tout aussi excessives qu'en Ariège, jusqu'à 27 fois le taux autorisé en Europe pour l'eau de consommation, comme le signale le journal le Télégramme. Les bretons concernés, qui se font appeler " les pisseurs involontaires de glyphosate " ou PIG (un acronyme riche de sens en Bretagne) ont entamé un cycle de dépôts de plaintes avec 22 premières plaintes fin novembre auprès des tribunaux de Quimper, Lorient et Saint-Brieuc. Leur objectif : un procès en bonne et due forme.

Une situation particulièrement grave : tout le monde est contaminé

" La situation est particulièrement grave puisqu'aujourd'hui toutes les personnes qui se sont prêtées aux tests urinaires ont du glyphosate dans l'urine et donc dans le corps, à des taux qui sont inadmissibles ", explique Jérôme Bouquet-Elkaim, l'avocat des plaignants bretons.

La contamination peut venir de différentes sources puisque le glyphosate est omniprésent : il a été trouvé dans l'eau de consommation, dans l'air, dans les sols, dans les aliments. Il est le pesticide le plus utilisé en France avec le souffre, à raison de 9000 tonnes par an dont 7000 en agriculture. Mais les produits à base de glyphosate sont également utilisés pour l'entretien des routes, des voies ferrées et par les jardiniers amateurs. Depuis le 1er janvier 2017, les communes n'y ont plus droit mais elles s'en sont longtemps servi pour désherber les cimetières, les bords de chaussée ou les jardins publics.

Anne-Françoise Roger