Il s’en est écoulé du temps entre cet album solo et, pour prendre un exemple tout personnel, le concert auquel j’avais assisté à l’Apolo de Barcelone. C’était pour The Coral, groupe dont il fut le guitariste principal jusqu’à son départ en 2008, lors d’un concert d’autant plus mémorable qu’il y avait eu une tout aussi superbe première partie – The Zuttons !
Séquence souvenir donc, un peu à l’image de cette photo de couverture qui ne doit être autre que Bill Ryder-Jones petit. On est donc bel et bien dans une ambiance intimiste, nostalgique et réflexif, mais pas forcément triste pour autant.
Si au sein de son ancien groupe il jouait déjà également de la basse et de la trompette, il en fait évidemment plus encore depuis qu’il œuvre en solo, comme c’est le cas sur ce cinquième album. Il est en effet à la fois auteur, interprète et producteur de Yawn, lequel doit d’abord son nom au studio où il a été enregistré, n’en déplaise aux mauvaises langues !
Si les première chansons sont plutôt calmes, voir carrément langoureuses, la tonalité s’électrise à partir de « Mither ». Plus loin, les guitares de « The are worse things to do » continue à nous érailler tout en douceur, reprenant une formule chère depuis le tout début des années 90 (allusion aux Pixies et autres groupes alternatif).
Au fait, peut-être aviez-vous découvert The Orielles et Our Girl (dont Bill a justement produit le dernier album) comme moi, cette année : les chanteuses de chacun des deux groupes participent également à Yawn – par exemple lors des magnifiques refrains de « John » et de « No one’s trying to kill you » !
À n’en pas douter, Bill Ryder-Jones ne cherche pas à entrer dans une case, sans pour autant chercher à passer pour un révolutionnaire. Sa musique est, au fil des écoutes, d’une humilité et une sincérité indéniables qui touchent. Après, les dix chansons paraissent a priori plutôt faciles d’accès, certes. Mais il s’avère au final qu’elles requièrent davantage d’écoutes pour se révéler pleinement, en particulier parce que la voix de Bill ne nous laisse volontairement ni l’envie de nous en aller, ni la possibilité d’entrer sans difficulté dans son monde.
(in heepro.wordpress.com, le 06/12/2018)
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