Titre : Je, François Villon, T3 : Je crie à toutes gens merci
Scénariste : Luigi Critone
Dessinateur : Luigi Critone
Parution : Novembre 2016
« Je crie à toutes gens merci » est le troisième et dernier tome de « Je, François Villon », série adaptée par Luigi Critone d’après le roman de Jean Teulé. Après avoir particulièrement mal tourné lors de l’opus précédent, le poète va finir par devoir payer pour ses actes. Au point de chercher la rédemption ? Le tout est publié chez Delcourt.
Une conclusion réussie.
Très vite dans l’ouvrage, François Villon est emprisonné et torturé. C’est l’occasion de retrouver les violences de l’époque. Rien ne lui est épargné. Et pourtant, encore une fois, le salut viendra de sa plume… Il est assez fascinant de voir comme cet homme, par son talent, va parvenir à survivre maintes fois, protégé par des puissants. Son salut est présenté comme une apparition divine…
François Villon, pourtant encore jeune, est complètement détruit. Il cherche chez son tuteur une rédemption impossible. Car à Paris, il est connu. Il a des ennemis, mais aussi des admirateurs qui ne supportent pas de le voir assagi. Et autour de lui, le chaos. Car s’il s’en sort tout le temps (c’est-à-dire qu’il n’est pas tué) grâce à ses appuis et/ou à son talent, ce n’est pas le cas de ceux qui l’entourent. On ressent toute cette tristesse de Villon, complètement dépressif, obligé de subir un passé qu’il voudrait oublier.
Ce tome conclut parfaitement cette biographie. En trois opus, Luigi Critone construit un personnage subversif, d’avoir étudiant potache qui dégénère, finit brigand, paye ses excès et doit ensuite vivre avec leur poids. C’est une lecture passionnante à la fois sur un homme, touché par le talent mais qui ne saura jamais réellement éteindre le feu qui ne consume, et sur une société française gangréné par une violence de tous les instants : exécutions, mutilations, marquage au fer rouge… Comment, dans un monde pareil, être un simple homme de lettres ?
Le dessin puissant et intelligent de Luigi Critone apporte un plus immense à cette histoire. Il parvient à représenter la violence, souvent dans la suggestion et l’ellipse. Cela pourrait lui être reproché, mais on n’a pas besoin de gerbes de sang pour être choqué par tout ce qu’il s’y passe. Par se complaisance ici ! Quant au reste, les personnages, les décors, cela fait partie des plus belles planches que l’on a pu voir ces dernières années. Du très beau travail, tant dans l’esthétisme pur que dans l’expression des personnages ou dans la composition des planches. Les trois couvertures, d’ailleurs, montrent bien le talent du dessinateur. On voit Villon vieillir et son regard change.
« Je, François Villon » est une série puissante, traitant d’une époque originale et d’un personnage qui ne l’est pas moins. Portée par un dessin splendide, elle mérite sans peine votre lecture !
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