L’exposition en cours au Centre d’art contemporain La Traverse d’Alfortville prend fin dans quelques jours, le 15 décembre.
Il y est question d’uchronie, de territoires hors de notre temps. La cire de bougie figeant la carte d’un pays, « terre de l’origine » de l’artiste Angelika Markul (ci-contre), cinq odeurs de Louisiane, par lesquelles Manon Bellet évoque ce pays menacé par les changements climatiques… Et d’autres images, fixes ou en mouvement, pour dire l’avenir, s’il y en a un, ou se raconter un passé fantasmé. On va jusqu’à faire un carottage dans notre présent pour imaginer sa réception future.
Mais c’est d’un flux permanent que témoigne l’exposition : le sable noir qui coule dans un sablier, ne comptant pas le temps mais les grains qui tombent, comme Harpagon comptant son or ; le temps ne s’accumule pas, on recommence à zéro en retournant le sablier.
C’est une oeuvre de Lyes Hammadouche. Deux autres oeuvres de cet artiste jouent sur le mouvement : une boule de cristal qui tourne imperceptiblement sur elle-même, traversée de rayons laser projetant sur les murs des signes à décrypter, et un miroir rond sur lequel tourne un mélange d’eau et de sables qui s’élève sur le bord arrondi pour retomber avant d’atteindre le haut du cercle.
Ce flux revient dans le film de Laura Huertas Millán : le fleuve Amazone coule entre les berges de la forêt. La vidéo dure environ 20 minutes, on y reste volontiers plus longtemps, attendant que quelque chose surgisse de l’eau. Une sorte de présent qui passe, un fleuve qui est toujours le même, jamais le même. D’étranges constructions sur ses rives, et la pluie inscrivant sa ponctuation dans la terre brune où les pas des danseurs s’imprimeront dans une cérémonie liant l’homme et la nature.
Le visiteur est invité à s’asseoir au niveau de l’oeuvre de Laura Gozlan : un flux d’images venant du passé et, de temps en temps, le feu.
(à suivre)