"Je marche dans la parole plurielle
d'un pays de haut vol
qui m'enveloppe au-delà de moi-même
dans l'ivresse des paluds et les vents
En ce théâtre de grèves et de dunes
aux rappels incessants des vents et des lunesla mer ravale sa bave
dans une épilepsie de baleine
Errer, les sens et le corps en éveils
Bretagne que je chercheavant de me perdre dans ce monde
d'antiquaires, de folkloristes
Sur la grève la nuit des veuves de marins
déambulent dans le silence, s'évaporent à l'aubeles marées emportent leurs pas
les vents leurs douleurs
La vie se mesure dans le hard rock permanent
des vagues au tumulte des talus basdes chemins languissants
aux cahotements de charrette invisible
La coagulation de l'hiver
l'apoplexie des fermes retiennent le tempsavec la cornemuse des goélands
quand se taisent les grandes orgues des tempêtes
Les pierres imitent les animaux la nuit
chaque taillis semble avancer sournoisement vers soiles roseaux comme de fines flûtes de cristal
captent les vents dans un silence chantant
Une oie sauvage surgit des entrailles de la tourbe
pour filer droit dans un rai de lumièreange facteur qui livre au ciel
la supplique des suicidés
Les mouvances des vagues ne sont-elles
que des prières perpétuelles?revenir ici dans le vacarme sourd et continu
écouter la longue respiration du monde
Je marche dans la parole plurielle
d'un pays de haut volqui m'enveloppe au-delà de moi-même
dans l'ivresse des paluds et des vents"
Louis Bertholom "Bréviaire de sel"
"Nulla dies sine linea." Horace
Prendre (arracher) le temps
saisir (sauter sur) l'occasionmettre en scène...
un cérémonial qui n'appartient qu'à moi m'aime
et qui d'ailleurs n'aurait aucune utilité chez mon Albert Régo.
Tant qu'il y aura de l'encre à couler dans l'armor
et ses peines
Askell! Askell!
les ailes du vent debout.
Je veux m'écrire à la pluie noire des seiches,
au pollen des abeilles drapées de noir.
J'entends les murmures, les colères, l'aber
noster
et je me demande
d'où vient le vent
qui cogne dans cette cornemuse
à filer le bourdon
le dimanche soir en demi-saison,
où je me demande
lec'h all
si l'âme a toujours autant d'amertume ?
lec'h all
si le noroît courbe aussi les arbres ?
lec'h all
photos: Marc Racineux