Ce n'était pas original en 1850 âcre que les passages couverts étaient alors très nombreux à Paris. On en comptait jusqu’à 150 à cette époque et il parait qu'en zigzagant un peu on pouvait alors traverser presque toute la capitale en restant à l’abri des intempéries grâce à ces voies couvertes et privées.
L'hôtel Chopin a plusieurs particularités. La première est l'ampleur du calme qui entoure ses 36 chambres. Les fenêtres donnent toutes sur les toits ou une courette(aucune sur rue). C'est en longeant la galerie commerçante du passage Jouffroy qu'on accède à l'entrée de l'hôtel.
Ce passage a été inauguré en 1846 par le comte Felix de Jouffroy-Gonsans, qui est l’ancêtre des propriétaires actuels du passage. Il était particulièrement à la pointe du progrès puisqu'il disposait d’un système de chauffage par le sol, pour permettre aux promeneurs de faire du lèche-vitrines au chaud, ... aussi confortablement que nous aujourd'hui dans un centre commercial.
Le commerce le plus ancien est le marchand de cannes qui, jusqu'à il y a trois ans appartenant toujours à un descendant de Jouffroy. Beaucoup de vitrines sont remarquables.
L’hôtel date de la même époque, ce qui en fait l’un des plus vieux hôtels parisiens. La troisième spécificité est que sa porte n’a jamais été fermée depuis 1846. Elle n’a d’ailleurs pas de serrure. Un hôtel où quelqu'un est présent à la réception 24 heures sur 24 à longueur d'année, c'est assez rare quand on n'est pas classé parmi les palaces parisiens.
Je retrouve mon petit hôtel
Ma chambre où la fenêtre donne sur un coin de ciel
D'où me parviennent comme un appel
Toutes les rumeurs, toutes les lueurs
Du monde enchanteur des grands boulevards.
Ce qui est enchanteur c'est l'atmosphère de cet hôtel familial (depuis 1992) initialement d'ailleurs appelé Hôtel des familles car les établissements de cet ordre étaient rares avant la généralisation des transports ferroviaires qui ont donné un coup de fouet au tourisme.
Ce n'est qu'en 1970 qu'il abandonne son nom, devenu désuet. Il est rebaptisé Hôtel Chopin, en hommage au compositeur qui passait régulièrement dans le passage pour se rendre dans les salles de démonstration des pianos Pleyel depuis chez lui. La légende dit qu’il donnait rendez-vous à Georges Sand à l’hôtel, mais cela n’a jamais été authentifié. Mais son buste trône dans l'entrée et plusieurs cadres sont disposés en hommage à ce personnage illustre.
Quel que soit le moment vous y serez bien accueilli. La directrice y vit depuis sa prime enfance. Elle est arrivée à l'âge de deux ans et en connait les moindres recoins.
Si vous êtes chanceux elle vous accompagnera dans les sous-sols pour découvrir l'ancienne voie moyenâgeuse, qui existe toujours, et sur laquelle le passage a été construit. Vous pourrez alors déambuler dans une galerie exactement identique à celle qui court à l'air libre, et qui dessert les caves de toutes les boutiques du passage.