Mélanie De Biasio à La Passerelle Scène Nationale de Saint-Brieuc, le 28 novembre 2018
Après l'apéritif Jazz au Bar avec Félix Masson, Quentin Féron, Yves Alves et Nicolas Royet, les clients se rendent vers Le Théâtre Louis Guilloux où Mélanie De Biasio est attendue à 20:30.
' Lilies' le quatrième album de la Carolingienne est sorti fin 2017, mais la tournée doit se poursuivre jusqu'en mai 2019.
Comme ses prédécesseurs, 'Lilies' a été salué comme un album majeur, les éloges n'ont cessé de pleuvoir, on a lu...une beauté qui dépasse l'entendement ou un disque saisissant de beauté, aux tonalités sombres, mais jamais désespéré, encore een erg eigenzinnig album waarmee De Biasio het bewijs levert van integriteit en een artistiek rijpingsproces et nine jewels of noir glamour....
Tu sais, pour l'avoir vécu sur scène, que celle qui a glané le prix du Meilleur Auteur/Compositeur au MIA's Award en 2017 n'est pas du genre expansif, tout est question de climats, de pudeur, d'émotions, de vertiges, son univers musical, sa voix, sa flûte, sa gestuelle de ballerine féline, tout contribue à te laisser en tête à tête avec ta conscience et ton âme.
Tu l'avais vue accompagnée par Dré Pallemaerts, Pascal Mohy et Pascal Paulus, ce soir ses complices ont pour nom Aarich Jespers, batterie/ Axel Gilain, contrebasse, guitare et Matthieu Vandenabeele , piano, claviers.
L'élément masculin se présente en avant-garde, suivi de près par Mélanie, de noir vêtue, armée de sa flûte traversière.
Elle demeure plantée comme un piquet pendant l'amorce au piano, sur laquelle se greffe les notes plaintives de la contrebasse frôlée par un archet, elle s'approche du micro pour murmurer ' Blue', une plage bluesy extraite de son premier album, 'A stomach is burning'.
Et c'est ton estomac qui se noue, la voix est précieuse, précise et sensuelle, elle évoque les plus grandes, la Lady who sings the blues ou Nina Simone.
Sans prévenir, elle a embrayé sur le fragile 'Let me love you' , des frôlements proches du trip hop créent une ambiance étrange, elle halète, le ton monte, le rondo s'emballe, Mélanie virevolte telle la fée Clochette en jouant de sa flûte, à l'arrière Axel assure les choeurs.
Saint-Brieuc retient son souffle.
Pour 'Brother', Axel Gilain a ramassé une guitare, l'orchestration reste minimale, le blues, lent, martial, ensorcelle.
Après avoir coincé le micro entre les genoux, Circé déambule en jouant de son instrument fétiche, 'Gold Junkies' est sur les rails, elle se retrouve à genoux, ton cerveau imagine catwoman, souple, dangereuse, we're digging deeper, we're digging deep...c'est dans ton cerveau qu'elle creuse, il va exploser, c'est intenable!
Elles sont belles les fleurs de lys, les 'Lilies' de Mélanie De Biasio par contre semblent vénéneuses, tu les verrais bien , quasi fanées, sur la tombe de Jim Morrison ces fleurs d'un blanc devenu terne.
'Afro Blue' de Mongo Santamaria reçoit un traitement hypnotisant, mixant trip hop et valse tribale.
Elle ponctue la plage d'un timide merci, ses premiers mots à l'adresse du public, avant d'attaquer un majestueux 'All my worlds', parsemé de vocalises impressionnantes.
Ton épiderme est parcouru par de nouveaux frissons.
Après avoir bu une gorgée d'eau, elle fait un signe à Matthieu, vas-y, il ébauche le céleste 'Your freedom is the end of me'.
Une flûte et des bruitages aquatiques décorent 'And my heart goes on' , un spoken-word jazzy proche de Carla Bley.
Présentation des musiciens avant le plus ancien 'One time', un titre poignant et visionnaire...you're gonna leave me someday for another one... Billie Holiday, encore, apparaît en filigrane.
L'instrumentation était sobre jusqu'ici, elle devient économe avec la plage suivante, un gospel basé sur de timides fingersnaps et quelques shakers secoués par le guitariste.
'The flow' reçoit un traitement Blue Note dont la chaleur moite se rapproche de 'Fever'.
'Sweet darling pain' suscite des images de David Eugene Edwards, un autre artiste passablement habité, après cette plage sombre, la flûtiste se permet une fantaisie en venant frapper une cymbale du plat de la main, pour enchaîner sur un apocalyptique 'No deal' qui termine un concert exaltant.
Elle revient, flanquée de son extraordinaire trio, précise qu'il n'y a pas d'arrangements fixes pour les morceaux joués, ils improvisent chaque soir au gré de leurs envies, puis décide d'envoyer en si bémol 'I'm gonna leave you', la chanson de rupture définitive.
Le charme De Biasio a à nouveau oeuvré, public conquis, à une ou deux exceptions près...
Encore deux concerts en 2018, le premier décembre à Elancourt, le 8, chez elle, à Charleroi.