How To Dress Well ‘ The Anteroom

Plus que jamais avec son nouvel album, les étiquettes vont continuer d’exploser… Car How To Dress Well continue d’être classé entre autres dans le genre R’n’B – ce qui n’est pas faux, mais finalement bien réducteur. Avec The Anteroom, difficile de ne pas d’abord vouloir parler tout simplement de musique électronique.

Bien sûr, la voix de Tom Krell – maître à bord de son projet depuis cinq albums dorénavant – possède l’élégance et la chaleur des meilleurs interprètes R’n’B de la décennie. À l’instar d’un James Blake, voici quelqu’un qui sans la chercher à trouver sa propre niche.

Et si je vous parle de ce disque, c’est bien parce que Krell s’est affranchi de toute limite, et les références à des genres à la fois différents mais finalement tellement proches ne cessent d’abonder au cours de ce périple en treize étapes… ou plus exactement vingt si l’on prête attention au titre de chacune des pistes.

La première écoute n’est pas forcément aisée, car il se dégage alors une certaine homogénéité de l’ensemble. On sent que Joel Ford (Ford & Lopatin) et Mike Silver (CFCF) ont chacun apporté leur vision respective des choses, et le fait que les musiques s’enchaînent ne facilite pas l’entrée dans ce monde qui semble a priori froid et hostile.

Le contexte d’écriture et de composition de The Anteroom apporte quelques clés de compréhension et, finalement, rassurent : Krell a passé une période de près de deux ans plutôt difficile, au cours de laquelle il se serait senti plonger dans une sorte de solitude cosmique… entre le monde réel et ce monde hostile où il risquait de se perdre, une antichambre était la solution. Et c’est alors que l’idée de The Anteroom a commencé à se développer… On peut ainsi comprendre pourquoi deux pochettes existent, selon que vous aurez la version digitale ou physique.

Pour le reste, je dois bien avouer que je suis scotché par le résultat, d’autant plus que je m’attendais à tout sauf à cela – la faute aux étiquettes qui trompent tout le monde, erreur terriblement humaine, moi le premier.

Comme pour les grand artistes, les étiquettes sont parfois tout simplement le nom d’un artiste ou d’un groupe. How To Dress Well fait du How To Dress Well. Une musique électronique, R’n’B, à la fois glacée et chaleureuse, et sa démarche me rappellerait presque… Björk. Et « Nonkilling 6 | Hunger » me rappelle même pour sa part quand Everything But The Girl (que j’ai découvert bien après leur séparation) a évolué d’une musique acoustique vers une musique plus dans l’air du temps, à savoir électronique.

The Anteroom est définitivement un album qui va me hanter, me faire frissonner, me réconforter, tout cela à la fois.

(in heepro.wordpress.com, le 30/11/2018)

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