L'île de La Réunion - à l'est du bas de l'Afrique et de Madagascar - vit un moment très fort de son histoire. Les Réunionnais - 23 % de chômage et 40% de la population sous le seuil de pauvreté - sont très en colère contre le gouvernement français qui les surtaxent depuis trop longtemps. Les " gilets jaunes " ont commencé à manifester en bloquant notamment les accès routiers importants de l'Ile depuis le 17 janvier dernier. Écoles et services publics sont fermés quasi tout le temps depuis. Les magasins et pompes à essence ravitaillées difficilement, etc... C'est quasiment un état de siège.
Je suis arrivée le 8 novembre et me retrouve donc coincée à la maison chez mon amie dans la montagne, sans possibilité d'aller plus loin que le village pour s'approvisionner et marcher alentour, alors que j'avais des rencontres, des journées de consultations et des ateliers organisés dans divers lieux de l'île. Tout est remis ou annulé = aucun revenu et temps de repos...
Solitude forcée
La solitude est une amie que j'ai apprivoisée toute jeune mais que je ne désire plus vivre que quand je la choisis, quand j'en ai besoin. Elle m'apporte alors beaucoup de réconfort, de ressourcement et de réponses.
Cette solitude forcée des derniers jours est cependant devenue une épreuve pour moi au bout de quelques jours de ce temps de manifestations et barrages routiers. Je ne l'avais pas choisie. J'ai commencé à me sentir prise en otage dans ce pays qui n'est pas le mien. Je savais cependant que j'allais vivre un temps de guérison personnel et que ce n'était pas pour rien que j'étais venue sur cette île.
J'avais pourtant senti, quelques temps avant de prendre l'avion le 8 novembre dernier, que quelque chose de bizarre allait se passer. Rien de très grave mais des perturbations désagréables. J'ai hésité deux fois à annuler mon voyage. Si j'avais eu ce feeling une troisième fois, je l'aurais fait. Quand je sens les choses clairement trois fois, c'est qu'elles doivent être faites/dites.
Même si je comprends et soutiens tout à fait les Réunionnais, je me sens totalement impuissante et ne faisant pas partie de ces revendications (même si, au Québec, on commence aussi à se faire pomper de plus en plus par le gouvernement et le pouvoir d'achat a beaucoup baissé).
Ce fut aussi flippant de ne plus avoir à manger et d'aller dans une épicerie quasi vide, la seule ouverte à des kilomètres à la ronde, trois jours après le début des manifestations du 17 novembre qui ont secoué toute la France. Heureusement, la situation s'est rétablie assez vite et les magasins sont ravitaillés. Aux nouvelles d'hier, cependant, il semble que 3000 containers contenant des denrées sont actuellement bloqués au port marchand. Sans eux, nous n'aurons bientôt plus que les légumes des maraichers du coin, et encore...
Retour à l'enfance
Pour une lionne comme moi, éprise de grands espaces et de liberté, c'est éprouvant de me retrouver coincée ainsi à la maison sans pouvoir vraiment bouger. Cela m'a ramenée à mon enfance. Je passais mes temps libres dans ma chambre à lire et bricoler pour éviter de me retrouver dans les engueulades et la violence déclenchée par mon beau-père quasi quotidiennement. Je m'étais créé un cocon sécuritaire.
J'ai retrouvé cette même sensation de cloisonnement forcé avec cette crise des gilets jaunes et cela m'a ramenée dans la tristesse de mon enfance, d'une part, et dans le fait que je n'avais pas de revenus, encore... Toute cette année a été marquée par très peu de revenus malgré tout mon travail.
J'ai pleuré... Cela faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. J'ai pleuré ces efforts vains à travailler fort pour accueillir l'abondance dans ma vie, à tous les niveaux, notamment argent et amour. J'ai pleuré cette petite fille qui ne comprenait alors pas ce qui se passait dans sa famille, qui ne s'en sentait pas en faire partie, qui tentait juste de survivre dans un monde de tristesse et de violence, qui vivait seule dans sa chambre et n'avait pas d'amis.
Pendant deux jours, les larmes ont coulé par moments. J'ai médité et prié pour demander de me montrer mon chemin et mon lieu de vie, mon pied-à-terre et comment j'allais enfin pouvoir vivre une vie plus légère financièrement et dans l'amour.
Sagesse de maman
J'ai repensé à ma mère, dépressive, malade et malheureuse, assise dans le fauteuil de son salon, vivant sa vie au jour le jour, qui me disait parfois " Pourquoi tu t'en fais tant que ça, ma fille ? Pourquoi ne pas simplement vivre le moment présent et faire confiance ? ".
Je ne répondais rien. Je n'avais toujours pas trouvé un semblant de bonheur dans ma vie, ni comment faire pour le trouver, et je lui en voulais de vouloir me faire croire que c'était si simple. Elle avait pourtant raison. Elle avait compris.
Je souffrais alors tellement et je ne trouvais pas cet espace de sagesse qu'elle avait trouvé malgré toutes mes recherches spirituelles. Je la trouvais tellement hors contexte alors que je souffrais tant. Je me sentais incomprise. Elle se sentait impuissante devant toute ma souffrance, elle me le dit des années plus tard.
Elle aussi souffrait profondément mais elle avait compris et lâché prise sur les souffrances pour se consacrer à créer le mieux qu'elle pouvait plutôt que de rester sur le passé. Elle créait des petits bonheurs chaque jour. C'est ce qui la faisait tenir en vie. " Si vous n'étiez pas là, toi, ta soeur et ton frère, me disait-elle parfois, je ne sais pas si je serais encore de ce monde ". Nous étions sa raison de vivre.
Ce n'est que par bouts dans ma vie que j'ai pu vivre cet état de grâce, de lâcher-prise, et beaucoup plus depuis que j'ai passé le cap des 50 ans. La sagesse s'est installée alors de plus en plus...
Lâcher prise
Le message que j'ai reçu clairement ce matin-là est que ce n'est peut-être pas à La Réunion que je vais avoir des revenus, qu'ils viendront d'ailleurs et que je dois donc apprécier et profiter pleinement de ce temps de " vacances ". J'ai le grand privilège de vivre chez une amie qui m'héberge gratuitement et je n'ai donc qu'à payer ma nourriture et mes dépenses. Je peux donc tenir un temps...
J'avais besoin de ce temps de réclusion forcée pour retrouver confiance en moi et en la vie. A force de " travailler " sur moi, j'avais oublié comment juste faire confiance, avoir la foi, et je me triturais l'esprit et les tripes à trouver des solutions pour me sortir de ce bourbier financier.
J'avais besoin de retourner dans mon enfance et de pleurer encore ces moments blessés difficiles, de prendre soin de la petite fille que je fus et qui n'avait jamais été consolée et rassurée, ce que l'adulte en moi a pu aujourd'hui lui offrir. J'en avais besoin pour lâcher prise sur le vouloir, le faire et le comment, pour juste ÊTRE et accueillir la Vie telle qu'elle veut m'offrir ses cadeaux.
En me réveillant la joie au coeur mardi matin, j'ai vraiment senti ce lâcher prise et le fait que je peux juste recevoir maintenant. Je ne sais pas quoi, quand, où ni comment. J'ouvre juste mon coeur et mes bras sans plus rien chercher à faire ni encore moins forcer mais juste Être... et DÉCIDER clairement de ce que je veux vivre.
Peu importe la situation que nous vivons, elle est toujours là pour nous permettre de guérir, de grandir et d'être plus heureux. On ne voit cependant pas toujours le cadeau que le fardeau que nous vivons va nous apporter...
Main dans la main
Je suis de tout coeur avec le peuple Réunionnais, et tous les peuples du monde, et souhaite que cette saga nous amène tous à recevoir ce que nous méritons et à quoi avons droit, que le niveau économique augmente rapidement afin que tous puissions créer notre vie dans l'abondance et l'amour.
Pas à pas, main dans la main, chacun pour soi d'abord puis pour les autres, créons notre vie afin de pouvoir ensuite partager les connaissances acquises et l'abondance obtenue avec ceux qui en ont moins. Nous pourrons ainsi les aider à augmenter la leur à leur tour en leur montrant comment faire.
C'est en créant ensemble dans l'entraide et le soutien qu'on grandira et que nous pourrons accueillir pleinement l'abondance et faire augmenter notre niveau de vie. C'est dans la foi et la confiance en soi et en la Vie que nous pouvons ouvrir notre coeur et nos bras à recevoir les cadeaux de la Vie.
Et vous, êtes-vous dans l'accueil et la joie ou en train de forcer pour atteindre vos buts ? Essayez-vous de les atteindre ou l'avez-vous clairement DÉCIDÉ ?
PS : Merci de laisser vos commentaires ci-dessous qu'ils restent avec l'article et non dans Facebook ou ailleurs.
De tout coeur
© Dominique Jeanneret
Thérapeute holistique
Délai d'inscription avec prix garantis : 12 décembre prochain !
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