Cette dégustation retrace une rencontre du comité LPV Haute-Normandie où nous devions déguster en rouge les vins du Médoc, dont les millésimes devaient être antérieurs à 2002 et sans notion de millésimes pour les blancs et liquoreux.
Nous sommes chez Jean-François au Havre que nous remercions tous au passage ainsi que sa femme Sophie pour leur accueil et les petits soins qu'ils ont pu nous donner ! On reviendra, la pension était bonne ;-)
Les rouges ont été précédés de 3 blancs pour se faire la bouche et ont eux-même précédé quelques douceurs de la région bordelaise.
Les vins sont dégustés à l'aveugle, à parfaite température pour les rouges (juste remontés de cave), carafés pour certains et servis seuls puis dévoilés au fur et à mesure.
Les blancs proposés devaient appartenir à la région bordelaise, sans millésime précis donc.
Pour les accompagner, quelques produits de la mer
Premier vin, servi dévoilé pour se mettre en jambe ou plutôt en bouche. Nous savons tous donc que c'est un Chantegrive 2005 blanc (cuvée classique, Graves). Le nez "sauvignone" sévère. On retrouve ces arômes si caractéristiques que sont agrumes et pipi de chat (que certain trouveront trop persistants) avec une petite touche anisée. La bouche est de moyenne ampleur, anisée encore et citron vert. Finale étrangement savonneuse. Un petit défaut ?! Sachant que ça ne vaut que 7 €, il faudrait être difficile pour ne pas apprécier. Pas mal.
Après ce premier avinage, on passe au jeu des devinettes. Nez beurré, vanillé et boisé avec un peu d'agrumes. La bouche propose une acidité mordante et encore un peu boisée, avec des notes de chèvrefeuille et d'aneth. Il y a quelques temps, ce vin se goutait mieux (c'est moi qui l'ai apporté), certainement plus ample et moins monotone. Mais toujours point de traces de minéralité pour ce Caillou Blanc 2004, blanc du Château Talbot (Bordeaux).
Dernier blanc. Très belle couleur dorée. Le nez est peu expressif sur un registre oxydatif. La bouche confirme un problème de bouteille. Dommage pour ce château Carbonnieux 1989, qui a certainement du connaître son heure de gloire il y quelques années.
Les rouges
Le nez sent la mer (j'ai entendu la moule) avec des arômes végétaux et de cerise. La bouche montre peu de volume, des tanins séchants et un fruit en retrait. Bof. Première rencontre avec ce Château Planquette. Ici, ce 2001 a été carafé, ce qui l'a visiblement tué ! Un fond de bouteille préservé se présentait nettement mieux. Bien dommage. Le fruit était intacte. A regoûter absolument.
Nez marqué par l'élevage (moka, café) mais aussi poivron et graphite, la bouche de notre vin suivant propose un volume correcte et une bonne longueur sur des arômes de cassis et de cerise noir. On s'accordera tous à dire que c'est pas mal, c'est bien fait, mais que ce Durfort Vivens 2000 (Margaux) manque un peu de vibration.
On accélère. Un joli nez construit sur la finesse proposant tour à tour des notes de crème de mure, de poivron et un boisé bien intégré. L'attaque est soyeuse en bouche, avec beaucoup de fruits et des notes de cuir. Elle s'essoufle malheureusement en milieu. L'ensemble est tout de même agréable et donne pas mal de plaisir. Ce Giscours 98 (Margaux encore) peut se boire dès maintenant.
Voilà maintenant le clou du spectacle, celui pour lequel on n'hésite pas à faire des kilomètres pour le boire. Très belles marques d'élevages distinguées pour commencer (café, vanille) qui donnent le LA à un nez mure et de prune. En bouche, la matière est soyeuse, veloutée et tapisse le palais grâce à des tanins abondants et soyeux ! L'équilibre et la longueur sont tout simplement magnifiques ! On promet à ce St Julien, château Lagrange 2000 un avenir radieux. Personne ne l'attendait aussi haut (même celui qui l'avait apporté). Un seul problème tout de même : pourquoi n'en ai-je pas en cave ?
Autre vin, autre style. Joli nez serré bien mur, soyeux au boisé intégré. La
Autre vin et encore un autre style ! De fortes notes mentholées et en parallèle des fruits rouges pointent leur nez. Ca sent même le thé vert ! La bouche offre un côté rocailleux, terrien, avec un beau volume. Il paraît assez jeune, à peine évolué et fût unanimement apprécié. C'est un château Poujeaux 1995 (Moulis).
Après cette belle série, retour sur terre avec un vin dont les notes mentholées sont présentes (encore) avec un peu de poivron mais surtout alcoleux. En bouche, le fruit commence à disparaître et les tanins sèchent en final. C'est un Haut-Bages Averous 1995 (2 nd vin du château Lynch-Bages). Peu séduit.
11 ème échantillon. Sa couleur est évoluée. Nez poivré, canelle, pain d'épice. La bouche propose des arômes de cerise et est un peu froide. C'est bon, mais ça manque un peu de festivité. C'est le pirate du jour avec ce Graves 1990 du Château Chantegrive.
Encore une couleur évoluée, qui signe là que l'on passe définitivement dans la catégorie des vins qui ont un peu de bouteille. Des arômes charmeurs poivrés et de terre humide, de sous bois viennent jusqu'à votre nez. En bouche, l'attaque est d'abord typée cabernet (poivron mur et fraise) et semble évoluer sur un registre tertiaire (terre). L'ensemble est harmonieux et agréable avec des tanins fondus. Ce beau vin, présenté en magnum, est un Médoc 1989, château Maucamps.
Le vin suivant a mis tout le monde d'accord ! D'abord, des senteurs ô combien élégantes et complexes de moka, de menthol, de sous bois puis de mure et de violette. En bouche, malgré l'âge respectable qu'on semble lui accorder, ce vin reste crêmeux, long avec encore beaucoup de fruits et des saveurs de fourrure. La puissance monte au fur et à mesure que la gorgée est en bouche. Un vin au charme fous qu'il faut aller sentir, découvrir, chercher pour ne pas passer à côté tout de même. Il s'agit d'un Château Beychevelle 1986 (St Julien). Magnifique !
Autre vin. Son nez est madérisé. La bouche semble sans vie avec des notes métalliques. Ce dernier rouge est un Branas Grand Poujeaux 1975 (Moulis).
Quelques douceurs pour accompagner le beau gâteau au miel, lavande et abricot
Malheureusement, le premier de cette série semble être bouchonné. Dommage pour ce Sauternes 1997 Cru Peyraguey. On y distingait pourtant une liqueur intéressante.
Histoire de ne pas rester sur une déception, ce vin révèle maintenant une allure tout à fait normale. Le nez est discret avec de fines notes botrytisées. La bouche est légère, presque "reposante" évoluant autour de la poire william. Un vin qui joue plus sur la finesse que l'exubérance. Il s'agit d'un Côtes de St Macaire 2005 du Domaine de Bouillerot (Le Palais d'Or).
18 ème et dernier de cette belle journée. La belle couleur vieil or aux reflets orangés donne le ton à un nez d'orange confite, de confiture d'abricot. Le botrytis se fait à peine remarquer et on est en présence certainement d'un Sauternes de quelques années. La bouche offre des amères intéressants, sur une longueur superlative. Très beau Sauternes en effet, millésime 1990 du Château Suduiraut.
Voici cette journée qui s'achève au Havre où l'orage et la pluie feront leur apparition.
Peu de déception au cours de cette dégustation. Des bouteilles d'antologie (Lagrange 00, Beychevelle 86), des découvertes à revoir (Planquette et Maucamps) et des valeurs sures au niveau duquel nous les attendions (Pontet Canet 99, Calon Ségur 01).
Merci encore à Sophie (pour sa cuisine) et à Jean-François pour leur accueil sympatique et chaleureux. Et une mention toute particulière au petit Nocolas qui a fait ce jour ses premiers pas de dégustation à base de raisin (non fermentés, quand même). La relève est assurée !