A.S. : Croire que ce voleur est quelque chose de réel, quelque chose qui doit être combattu et attrapé, c'est comme croire que votre ombre est une sorte d'intrus à combattre et à expulser. Si vous essayez de lever la main pour frapper votre ombre, elle va elle aussi lever la main pour vous frapper. Vous ne pouvez pas gagner un combat contre votre mental parce que dans tous vos combats vous ne ferez que boxer votre ombre. Vous ne pouvez pas mettre K.O. votre ombre en la frappant parce que vous frappez dans le vide. L'ombre va continuer à danser dans tous les sens aussi longtemps que vous continuerez à danser dans tous les sens en essayant de la frapper. Il n'y a pas de vainqueurs dans des combats de ce genre, seulement des perdants frustrés. Si vous partez de l'hypothèse que le mental est réel et que vous devez le combattre et le contrôler en agissant sur vos pensées d'une certaine façon, le mental ne s'affaiblira pas mais se renforcera. Si une sâdhanâ présuppose que le mental est réel, la pratique de cette sâdhanâ perpétue le mental au lieu de l'éliminer. L'ego est tout à fait comme un esprit. Il n'a pas de véritable forme propre. Si vous voyez ce qu'est réellement l'ego par l'investigation : « Qui suis-je ? » il s'enfuit sans demander son reste. Le mental n'a ni substance ni forme. Il n'existe que dans l'imagination. Si vous voulez vous débarrasser de quelque chose qui est imaginaire, tout ce que vous avez à faire c'est cesser de l'imaginer. Ou bien, si vous pouvez être continuellement conscient que le mental et toutes ses créations n'existent que dans votre imagination, elles cesseront de vous tromper et vous cesserez d'être importuné par elles. Par exemple, si un magicien crée un tigre, vous n'avez pas besoin d'en avoir peur parce que vous savez qu'il essaye seulement de vous faire croire que le tigre est réel et dangereux. Si vous ne croyez pas que le tigre est réel ou dangereux, vous n'avez pas peur. Quand le cinéma fut introduit ici, certains villageois prenaient peur quand ils voyaient des choses telles que du feu sur l'écran. Ils s'enfuyaient parce qu'ils croyaient que le feu allait se répandre et détruire la salle. Quand vous savez que tout ce qui se passe ne fait qu'apparaître sur l'écran de la conscience, et que vous êtes vous-même l'écran sur lequel tout cela apparaît, rien ne peut vous toucher, vous blesser ou vous effrayer. Les gens qui croient à la réalité du monde ne valent pas mieux que ceux qui construisent des barrages pour retenir l'eau qu'ils voient dans un mirage. Q : Parfois tout est si clair et paisible. Il y a des fois où il est facile de regarder les mécanismes du mental et de voir que ce que dit Swâmî est vrai. À d'autres moments, en dépit de nos efforts, il n'y a pas moyen de produire la moindre impression sur notre mental chaotique. A.S. : Chaque fois que vous êtes dans un état méditatif, tout est clair. Puis les vâsanas qui étaient d'abord cachées dans le mental font leur apparition et recouvrent cette clarté. Il n'y a pas de solution facile à ce problème. Il vous faut continuer tout le temps l'investigation « À qui cela arrive-t-il ? » Si vous avez des difficultés, rappelez-vous : « Ceci se passe uniquement à la surface de mon mental. Je ne suis pas ce mental, ni les pensées errantes. » Puis retournez à l'investigation « Qui suis-je ? » En le faisant, vous pénétrez de plus en plus profondément et vous vous-détachez du mental. Ceci n'arrivera qu'une fois que vous aurez fait un intense effort. Si vous avez déjà un peu de clarté et de paix, quand vous faites l'investigation « Qui suis-je », le mental s'enfonce dans le Soi et se dissout, ne laissant derrière lui que la conscience subjective « Je-Je ». Bhagavan m'a expliqué tout cela en grand détail quand j'allais pour son darshan entre 1938 et 1942. Annamalai Swami
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