Isabelle Bonté-Hessed2 exposait à la Galerie Hors-Champ

Publié le 26 novembre 2018 par Onarretetout

J’avais laissé Isabelle Bonté Hessed2 devant les mains d’ouvriers licenciés de l’usine PSA d’Aulnay, il y a quatre ans.

Depuis, elle a expérimenté le feu, avec Bachelard d’abord, brûlant une à une les pages du livre La psychanalyse du feu et les conservant dans la paraffine. (à gauche, couverture du livre relatant cette expérience)

Et il y a eu une année particulière où, chaque jour, Isabelle cueillait une fleur et la recouvrait de paraffine, écrivant à côté les circonstances de cette opération. "Je décide d'honorer chaque jour par une fleur". C’était à la fin de 2015, en octobre. Une année inoubliable.(photo ci-contre de l'artiste)

Recouvrir de paraffine, cela me rappelle les pots que nous remplissions de confiture et que nous obturions de paraffine puis couvrions d’un bout de tissu. C’était l’enfance. Parfois même, l’odeur des confitures me revient à cette évocation. Un jour venait où nous cassions la paraffine pour manger la confiture, intacte. Or la confiture et la paraffine ont besoin du feu. Isabelle a continué son expérience.

 

Les temps que nous vivons, les manifestations réprimées dans la violence, les contradictions dans lesquelles nous tentons de vivre, elle a voulu en garder une trace. Réalisant des tableaux témoignant des violences sociales et policières, les recouvrant de paraffine, comme pour en adoucir la vision, non pour mieux la supporter mais agissant à la manière de la mémoire qui recouvre de sa poussière les faits anciens. Retrouvant le rite du feu qu’elle avait pratiqué avec le texte de Bachelard, elle brûle le texte de la Constitution de la République, page après page, après avoir lu chacune publiquement. La Constitution a 60 ans. De cette épreuve du feu, elle espère que naîtra une société nouvelle.

L'exposition était visible à la Galerie Hors Champ, à Paris.