Roman - 250 pages
Éditions - octobre 2018
Rosalinde, jeune femme venue d’Allemagne consacre sa vie aux travaux saisonniers dans un coin de Provence, au bord de l’Aygues. Suivant les mois, il y a du boulot au ramassage d’abricots, aux olives, à la lavande. Des journées qui débutent dès l’aube, et se finissent dans un des bars du bled, où Rosalinde retrouve ou évite tous ces hommes harassés par le travail, en soif de sexe et d’alcool. Venus d’horizons divers, Cesario l’Antillais, Acacio le Portugais, Abdelman, le Gitan, Delaroche, Thomas..., ils tournent tous le dos à une histoire, partagent tous un travail de fortune, et claquent presque tous tout leur pécule dans des nuits d’ivresse. Rosalinde les fascine, les envoûte, les excite, les intrigue. Elle est libre. Avec certains elle s’offre comme pour remplir un vide permanent en elle. Avec d’autres elle tente de maintenir la distance. Mais rien n’est simple. Peut-être l’est-ce davantage avec Mounia, la belle marocaine aux yeux bleus….
Le cœur blanc c’est ainsi qu’est qualifiée Rosalinde. Un cœur pur, comme une demi-sainte. Elle porte en elle toute la dualité de l’image des femmes libres, autant salope insultée que figure pure vénérée et désirée. Une femme au milieu d'une forêt d'hommes laborieux, sous un soleil qui rappelle la brûlure de celui des Scorta. Extrait :"Les vieilles maisons de pierre ont leur façade aveugle. Muette et sourde. On peut bien cogner, cracher, pisser dessus, éventrer les portes, défoncer les carreaux, elles se tairont toujours. Toujours ignoreront le passage des vivants qu’elles avalent quelquefois, puis recrachent, les maintenant dans le sommeil douloureux des terriens." Le récit s’étale sur plusieurs années, plusieurs saisons, comme un recommencement, des vies saisonnières, des cycles qui s’enchaînent pour ces travailleurs dont on parle jamais. Jusqu’à l’issue où les hommes redeviennent animaux, où la Nature les fait prisonniers d’elle-même, une Nature violente, qui éblouit, qui déverse, qui incendie, qui ravage. Sous la plume d'une femme qui a beaucoup bourlingué, qui raconte sûrement beaucoup de son expérience, un monde des lisières apparaît sous la lumière. Des hommes et des femmes englués dans la douleur, l'alcool et les drogues mais mus par une résistance et un feu permanent.Catherine Poulain a écrit précédemment Le grand marin, assurément une de mes prochaines lectures. L'avis de Joëlle, déçue - Les livres de JoëlleCritiques du Masque et la Plume - FranceInter