La rétrospective de Twombly à la Tate Modern à Londres (jusqu’au 14 septembre) présente une oeuvre riche et d’abord difficile. Face à ses immenses toiles blanches rayées de quelques traits, de quelques mots, je reste d’abord dubitatif, ne sachant par où approcher, quel fil tirer pour dévider l’écheveau. Ni par la beauté formelle de ce qui ressemble plus à des graffitti au premier abord, ni par le geste du peintre, aux antipodes d’un Pollock, ni par le sens, peu déchiffrable à partir des titres ou des inscriptions. Et pourtant l’esprit est là, il se manifeste par un léger souffle, une évanescence qui émane de ses tableaux. La seule solution, la seule appropriation possible de ces tableaux serait-
D’autres toiles surprennent, plus riches, plus mouvantes. Le Traité du Voile (nommé d’après une série de Muybridge), en deux versions, l’une, morcelée, plus noire (au Ludwig Museum), l’autre immense, plus grise (à la Menil Collection) offre une grille, une géométrie plus reconnaissables. Les hommages à la très aimée et très belle Nini Pirandello, morte prématurement, sont empreints de mélancolie.
Dans les dernières salles, deux séries sont éblouissantes et révélatrices, plus puissantes, plus présentes (et sans doute moins appréciées des puristes twomblyens). C’est là qu’on perçoit, à mes yeux, l’accomplissement de son travail, c’est là que ce qui était imperceptible au début arrive à la surface, se révèle à nos yeux. D’abord A Painting in Nine Parts, peint pour Venise en 1988, aux formes rococos, évocatrices du Venise 18ème, des fresques et plafonds des Tiepolos par exemple, présente un dégradé de vert et de blanc, d’eau et de lumière qui rattache Twombly aux impressionnistes. Je suis resté longtemps devant la profondeur de ces compositions aussi hypnotiques que les Nymphéas. (Mais je ne trouve pas d’images de cette série; help !)
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