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603ème semaine politique: la décrédibilisation en marche... de Macron.

Publié le 25 novembre 2018 par Juan

603ème semaine politique: la décrédibilisation en marche... de Macron.
Problème de pédagogie ? Le clan macroniste le répète, comme tous les gouvernements de l'ancien monde avant lui, la crise de confiance qui frappe le sommet de l’État serait un problème ... de pédagogie. Un exemple cocasse, voici le futur projet de "service national universel". Le résultat est loin de la promesse de campagne du candidat Macron, comme souvent. Macron avait évoqué un service militaire obligatoire d'une durée courte. Devant la fronde, les macronistes ont retiré l'exigence militaire. Puis ils ont commandé un gros sondage pour se donner une légitimité, et s'éviter une nouvelle fronde. Plus de 45 000 jeunes interrogés ! Résultat ?
"Une large majorité de jeunes adhèrent au projet, ... à partir du moment où ils en comprennent les objectifs" explique le gouvernement dans sa plaquette publicitaire. Fichu problème de pédagogie ! Notez la formule... "à partir du moment où..." . D'après l'enquête les trois quarts des sondés sont favorables aux "objectifs" du SNU, mais le gouvernement reconnait une hostilité majorité au projet lui-même. Et s'abstient de publier l'intégralité du rapport. C'est en brandissant une version tronquée que les ministres Blanquer et Attal s'enthousiasment devant la presse.
Ce sujet anecdotique illustre la double face de la Macronista: une multiplication de gadgets, d'artifices et de diversion d'une part, pour habiller une politique de classe inégalitaire et froidement violente d'autre part.
DÉCRÉDIBILISATION EN MARCHE
Cette trajectoire s'est cassée sur les routes de France grâce aux Gilets Jaunes. Le coup n'est certainement pas mortel, mais il est rude. L'affaire Benalla avait déjà décrédibilisé le discours moral et professionnel du clan Macron, en révélant l'incurie du staff élyséen incapable de justifier comment pareil barbouze pouvait se retrouver avec autant d'accès et des armes sans contrôle ni hiérarchie, des barbouzeries aussi minables que les tentatives de blocage des enquêtes de la justice et des parlementaires. Les Gilets Jaunes décrédibilisent maintenant l'arnaque fiscale du clan Macron. Ils exposent un ras-le-bol, certes, mais surtout l'inégalité fiscale de la politique macroniste. Ils incarnent également une reformation nécessaire d'un rapport des forces contre l'Etat macroniste. Le coup est d'autant plus rude qu'il intervient à la fin d'une courte séquence politique où l'Elysée espérait redorer son blason social avec l'entrée en vigueur des baisses de cotisations salariales (par ailleurs compensées par d'autres augmentations), d'une partie de la taxe d'habitation et un (ridicule) plan pauvreté inférieur sur 4 ans aux cadeaux fiscaux annuels pour les plus riches (ISF, flat tax).
603ème semaine politique: la décrédibilisation en marche... de Macron. 
La violence de certaines manifestations des Gilets Jaunes depuis le 17 novembre a été inacceptable et choquante - plus de 500 blessés et deux morts. Mais qui est coupable ? Après une bienveillance médiatique assez large, nombre d'éditocrates ont "retourné" leur veste, effrayés et/ou faussement rassurés par l'ampleur des blocages (entre 300 000 et un million de personnes suivant les sources le 17; moins de 110 000 le 24). Alors qu'ils s'étaient "calmés" dans leurs discours avant les manifestations, les officiels macronistes et les supporteurs ont ensuite redoublé d'efforts pour caricaturer l'ensemble du mouvement en une révolte irresponsable, violente et fasciste. Maurice Safrzan, Frédéric Haziza, Ruth Elkrief et quelques autres se succèdent sur les plateaux et les réseaux sociaux pour s'inquiéter. Certains accusent "l'ultra-gauche" (Le Figaro), d'autres "l'ultra-droite" (LCP). Chacun trouve facilement comment caricaturer facilement le mouvement.
Même François Hollande, l'ex-président, a été convié sur les plateaux pour Mélenchon à Déroulède et par là même les Gilets Jaunes aux factieux des ligues d'extrême droite du début du XXème siècle. La seconde salve de critique des "bien-pensants" contre les Gilets Jaunes porte sur leur absence de débouchés politique: "les chefs de l'opposition jouent à souffler sur les braises, à faire grandir l'incendie, sans savoir s'ils sauront demain le maîtriser" écrit Frédéric Says sur France Culture. "Ils nourrissent la bête anti-gouvernementale, parfois anti-parlementariste, sans être sûrs de pouvoir demain la dompter. Sans être certains que le mouvement ne se retournera pas, à terme, aussi contre eux."
603ème semaine politique: la décrédibilisation en marche... de Macron.
La "raison" serait donc de "rentrer dans le rangs" du débat politique qui s'orchestre dans des élections,  des lois votées au Parlement et des accords négociés par les partenaires sociaux.
QUI EST DÉRAISONNABLE ?
Mais est-il raisonnable de se contenter du fonctionnement institutionnel de cette Vème République vieillissante ? Il ne s'agit ici pas de légitimer des agressions homophobes, sexistes, racistes ou simplement gratuites que nombres de porteurs de ces gilets colorés ont commises sous prétexte de leur indignation. Mais de faire remarquer la délégitimation institutionnelle progressive de notre régime politique:
  1. Emmanuel Macron a été élu sur un chantage contre le Front National. 
  2. Il tente le même chantage politique pour les élections européennes: l'Europe/le Bien contre les populistes/le Mal. Ce faisant,il prive le débat politique d'un échange nécessaire et plus complexe que ses caricatures.
  3. Macron a aussi commis la même erreur que Chirac en 2002 en conduisant une politique clivante alors qu'il n'a pas élu sur son programme.
  4. Il est passé en force et sans débat sur une réforme inédite du code du travail.
  5. Macron a tenté de cacher sous le tapis de l'écologie, de l'humanisme international, et de l'européisme béat une politique qui précarise davantage le plus grand nombre et rend des milliards d'euros aux plus riches du pays.
  6. Il cherche à réduire le nombre de parlementaires au nom de "l'efficacité".
  7. Macron a supprimé 200 000 postes de représentants des salariés dans les entreprises avec ses Ordonnances Travail.
  8. Il a aussi décidé la suppression de 50 000 postes de fonctionnaires, notamment à l’Éducation nationale et dans les services fiscaux.
  9. Macron attaque les chômeurs (durcissement des règles d'indemnisation), les travailleurs (allègement de la prise en charge de la pénibilité), les étudiants (mise en concurrence de l'accès à l'université, réduction des APL), le secteur associatif (suppression des emplois aidés), les réfugiés (loi Asile et immigration), les syndicats (loi Travail), les lanceurs d'alerte (loi sur la protection du secret des affaires).
  10. La majorité macroniste pléthorique vote comme des godillots les desiderata du jeune monarque qui souvent se confondent avec les intérêts des grandes entreprises: récent exemple, l'interdiction du droit à l'oubli pour les cancers pédiatriques, pour satisfaire les assureurs privés.
  11. Les médias dominants servent avec facilité idéologique le discours macroniste en caricaturant comme populisme fasciste ou angélisme irresponsable toute défense des plus fragiles. Ils ne sont plus les bienvenus sur le terrain des opérations.
  12. Le silence de Macron envers les travers fiscaux de ses plus grands et fidèles alliés ne surprend plus. Peu avare en bons mots sur les "fainéants", "ceux qui ne sont rien", il sait se taire quand d'autres révèlent des scandales affectant le grand patronat.
  13. Au final, cette politique produit-elle au moins quelques effets de "ruissellement" en emplois et et en pouvoir d'achat ? Même pas. Le chômage stagne ou progresse, la croissance se grippe plus tôt qu'ailleurs, le pouvoir d'achat du plus grand nombre chute.
Reposons la question: où est la raison ? Est-il plus raisonnable de se taire et de faire confiance à ce "processus" politique-ci, ou ne faut-il pas re-créer des rapports des forces ? Comment ne pas suffoquer ?
Non seulement les Gilets Jaunes ont démoli l'argument écologiste macroniste qui habillait faussement sa politique fiscale, mais ce dernier a aussi subi un coup fatal porté par l'un des plus prestigieux ex-alliés écolos de la Macronista, Nicolas Hulot.
Jeudi soir, Nicolas Hulot est l'invité de France 2. L'ancien ministre de l’Environnement fait un constat sans appel: "À partir du moment où je restais, je cautionnais les choses, je ne cautionnais pas un mensonge conscient, mais une sorte de mystification. On se donnait le sentiment qu'on était à la hauteur des enjeux, et on ne l'était pas."
Problème de pédagogie ? 
Nicolas Hulot a décoché plusieurs flèches politiquement mortelles à Emmanuel Macron: 
primo, il répète que l'ambition écologiste de Macron est de la poudre aux yeux: "On n'ose même pas envisager ce que l'on a fait pour les banques en 2008 pour la transition écologique (…). On est en train de perdre la guerre. C'est un effort de guerre qu'il faut faire. C'est un plan Marshall qu'il faut." Secundo, il fustige l’iniquité sociale, qui est de surcroît contreproductive et dangereuse, des choix politiques de Macron en matière de transition environnementale: "ce sont les populations les plus vulnérables qui paieront les conséquences [du réchauffement climatique]. Ne mettez pas ça sur le dos de l'écologie, mettez ça sur le matraquage fiscal !"
603ème semaine politique: la décrédibilisation en marche... de Macron.
LA HAINE ET LA PEUR
Macron et ses suppôts braillent contre la violence. "Honte ! Honte ! Honte" écrit le jeune monarque sur Twitter. Mais où est la honte ? La honte n'est-elle pas dans ce déséquilibre effarant de l'action macroniste ? La honte n'est-elle pas dans cette fracture fiscale qui aggrave et s'ajoute aux fractures sociale, environnementale et politique ?
On retrouve la double face de la Macronista. La face officielle est policée. Les visages sont souvent souriants, le vocabulaire est choisi et jamais excessif. Cette face s'incarne par les ministres, députés et autres porte-paroles. Les mêmes donnent des leçons de bienséance à leurs opposants. Emmanuel Macron lui-même est souvent le premier à tancer ses critiques, à abuser de quelques formules de vieux français pour assoir une autorité qui lui fait défaut. Puis il y a l'autre face, haineuse et méprisante, celle que les Gilets Jaunes ont mis à jour, celle qui s'exprime dans les tweets rageurs du jeune monarque, mais surtout dans les messages enflammés des soutiens du président - la "Team Macron" sur Twitter ou Facebook n'est jamais avare d'insultes.
Les premiers résultats de ce nouveau rapport de force ne se sont pas fait attendre. Avant les manifestation, le gouvernement avait déjà augmenté certaines aides. Ce résultat aurait-il été obtenu sans pression ? Non. En mode panique, le gouvernement a ensuite reporté la vignette pour les poids lourds. Puis Macron a annoncé la création d'un "Haut Conseil de l'Environnement", pour "expliquer" sa politique écologiste (lol!). Et mardi, quatre jours avant une nouvelle manifestation annoncée des Gilets Jaunes, une journée où un nouveau slogan - "Macron démission!", le jeune monarque parlera encore dans les écrans,
On appelle cela de la trouille.
603ème semaine politique: la décrédibilisation en marche... de Macron.

"On est condamnés à agir tous ensemble, ou à mourir tous ensemble comme des idiots". Nicolas Hulot

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Ami macroniste, où es-tu ?


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