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Exposition “Le lac avec des muscles” Louise Aleksiejew et Antoine Medes | Les Capucins centre d’art

Publié le 24 novembre 2018 par Philippe Cadu

Du 1er au 9 décembre 2018 - Vernissage samedi 01 décembre 2018 à 17h

http://lescapucins.org

Exposition les deux pre­miers week-ends de décem­bre 2018, de 15h à 18h

A cette occa­sion, pré­sen­ta­tion de l'oeuvre réa­li­sée par la classe de troi­sième Art du col­lège Les Ecrins d'Embrun, sous la direc­tion de Thomas Voillaume, dans le cadre d'une rési­dence.

Dimanche 2 décem­bre entre 15h à 16h30
Atelier de dessin par Louise Aleksiejew et Antoine Medes
À l'atten­tion des 7/10 ans. Sur ins­crip­tion uni­que­ment à smo­rac­chini.les­ca­pu­cins@g­mail.com

Louise Aleksiejew et Antoine Medes sont les artis­tes invi­tés pour cette sixième édition du Noël de l'Art, qui cette année inves­tit le centre d'art au lieu du centre-ville d'Embrun. Ce projet comme pré­cé­dem­ment s'ins­crit dans le cadre d'une rési­dence en milieu sco­laire. Les réa­­li­­sa­­tions pré­sen­tées sont ainsi le fruit d'une étroite col­­la­­bo­­ra­­tion entre les artis­tes et les enfants de clas­ses pri­mai­res qui ont par­ti­cipé à ces ate­liers.

Louise Aleksiejew et Antoine Medes sont des­si­na­teurs, ils déve­lop­pent leurs recher­ches indi­vi­duel­le­ment et en duo. Depuis la fin de leurs études à l'école des beaux-arts de Caen en 2016, ils par­ta­gent nombre de pro­jets dont Ping-Pong, au départ une dis­cus­sion gra­phi­que qui prend main­te­nant la forme de des­sins réa­li­sés à quatre mains sans que l'on dis­tin­gue spé­ci­fi­que­ment le trait de chacun. Ils accu­mu­lent, depuis très jeunes, dans leur logi­ciel mental des images issues de bandes des­si­nées, de fan­zi­nes, du cinéma d'ani­ma­tion ainsi que plus tard de livres d'artis­tes. Ils pui­sent également dans le flot iné­pui­sa­ble des images dif­fu­sées sur inter­net, dont l'orga­ni­sa­tion hori­zon­tale auto­rise une cir­cu­la­tion intui­tive, sans hié­rar­chie sty­lis­ti­que, ni tech­ni­que. Des Chicago Imagist, par exem­ple, groupe d'artis­tes asso­cié à l'école de Chicago à la fin des années 60 aux repré­sen­ta­tions de yokais, ces créa­tu­res sur­na­tu­rel­les du folk­lore japo­nais, que le duo aime citer comme réfé­rence.

La pro­fu­sion par­ti­cipe plei­ne­ment de leur mode opé­ra­toire. D'un côté, la col­lecte cons­tante, de l'autre, la pra­ti­que assi­due du dessin qui n'exclut pas pour autant les réa­li­sa­tions en volu­mes, des ins­tal­la­tions en tissu ou la céra­mi­que notam­ment. Comme si l'intui­tion était inhé­rente au foi­son­ne­ment, à l'éparpillement même. Explorer loin, pro­fon­dé­ment, jusque dans les plis de l'ima­gi­na­tion, pour y puiser la faculté à défor­mer, et détour­ner les images. Dans cet inters­tice entre deux mondes, les leurs d'abord puis ceux des autres, dans cette cham­bre d'échos, ils se sai­sis­sent à coups de glis­se­ments suc­ces­sifs du pou­voir de méta­mor­phose des formes. Ils l'incar­nent dans des lieux, objets et créa­tu­res fan­tô­mes qui se réin­ven­tent sans cesse, dans une sus­pen­sion fic­tion­nelle active.

D'abord il y a les images, tou­jours chez Louise Aleksiejew et Antoine Medes, jusque dans leur manière de parler, pro­ba­ble­ment car l'abs­trac­tion n'est pas leur langue. Ils par­lent soupe pour le mélange des réfé­ren­ces, jeu de société pour la com­po­si­tion des images ou encore che­wing-gum qui s'étire pour la coha­bi­ta­tion de leur pra­ti­que indi­vi­duelle avec celle en duo. Pour cette série d'inter­ven­tions auprès de sco­lai­res, ils ont parlé lac, mons­tre, bar­rage, cons­truc­tion. Le décor est planté, celui du lac arti­fi­ciel de Serre-Ponçon qui s'étend notam­ment sur le site de Savines aujourd'hui dis­pa­rue (mais recons­truite un peu plus haut sous le nom de Savines-le-Lac).
L'his­toire à ima­gi­ner com­mence ainsi par un ense­ve­lis­se­ment, un recou­vre­ment qui en effa­çant le monde d'avant en crée deux nou­veaux : celui de la lumière, des reflets flou­tés des monts ennei­gés sur la sur­face scin­tillante, et celui des pro­fon­deurs, sombre et secret, qui sus­cite peur et fas­ci­na­tion. Reste un troi­sième monde à ima­gi­ner au contact des deux pre­miers : un lac animé de fan­tas­ti­ques pou­voirs. Un lac avec des mus­cles, héber­geant des pois­sons-radia­teurs, du sable gluant, des télé­pho­nes-cailloux, des bras flot­tants et du bois lumi­neux. Inventer des formes venues d'ailleurs, de sous les sédi­ments du connu, du vrai­sem­bla­ble, du ration­nel. Les artis­tes émettent l'hypo­thèse que c'est en creu­sant les images, en élargissant leur poten­tiel fic­tion­nel qu'on par­vient à com­pren­dre com­ment elles se cons­trui­sent. A tra­vers Le Lac avec des mus­cles, ils racontent, avec la com­pli­cité des enfants, la cons­truc­tion d'un pay­sage issu de col­la­ges suc­ces­sifs, en l'occur­rence celui de Serre-Ponçon - qui génère depuis sa der­nière trans­for­ma­tion, des images aussi sédui­san­tes qu'épatantes comme celle de faire de la plan­che à voile face à un mur de mon­ta­gnes.

Solenn Morel


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