Le Monde pris la main dans le sac du réchauffement

Publié le 21 novembre 2018 par Magazinenagg
Jean-Philippe Delsol
Dans la cohorte des Cassandre du climat et des bien-pensants, le journal Le Monde cherche toujours à être aux premières loges. Il a dénoncé à nouveau dans son édition des 2/3 septembre derniers les catastrophes de l’été : « incendies records en Californie, vague de chaleur meurtrière au Canada, arrêt de centrales nucléaires en France pour cause de fleuves trop chauds, déplacement d’un million de personnes dans le Kerala en Inde après une mousson inhabituelle ment sévère... ». Pour illustrer son propos, le journaliste Stephane Foucart note que cet été, sur les bords de l’Elbe, une dizaine de « pierres de la faim » sont réapparues, « rappelant, écrit-il, que, pendant de nombreux siècles, la sécheresse fut sœur de la famine ». Une de ces pierres était datée de 1616 et indiquait en allemand « pleurez si vous me voyez ». Le Monde nous explique donc que ces catastrophes, que personne ne nie, ne sont pas nouvelles. Nous ne contestons pas le réchauffement qui est un fait, mais nous refusons d’admettre sans preuve formelle que la cause en est l’action humaine alors que le climat évolue sans cesse dans le temps long, à la baisse ou à la hausse des températures.

En matière de climat, rien n’est simple et immuable

Il est vrai que dans son Histoire du climat depuis l’An mil (Flammarion, Champs histoire, 1983), Emmanuel Le Roy Ladurie observe qu’en France et dans les Alpes il y eut de 1601 à 1616 « Une période de printemps-été chauds ou moyens, sans récurrence froide ». Mais en même temps, il observe que dans la vallée de Chamonix, les hivers devaient être suffisamment rudes pour qu’en 1613 ou 1614 « le « débordement » de l’Arve , tellement gonflée par les eaux de fusion des glaciers énormes, achève de faire disparaître le hameau de La Bonneville ». En matière de climat, rien n’est simple et immuable. « L’ensemble des résultats de datation, note le glaciologue savoyard Sylvain Coutterand[1], met en évidence pas moins de dix périodes pendant lesquelles les glaciers étaient moins étendus que maintenant ». Entre 9000 et 6800 ans avant aujourd’hui, de nombreux glaciers alpins avaient disparu. « On note un autre optimum climatique à l’âge du bronze, vers 1200 av. J.-C. Le suivant se situe au début de notre ère, il correspond à la période romaine ». Pendant ces périodes, « les langues glaciaires s’arrêtaient à une altitude supérieure d’au moins trois cents mètres à l’actuelle » (Schlüchter et Joerin, 2004). Et il poursuit en indiquant que selon les chercheurs de l’Université de Berne (Schlüchter, 2009) « les glaciers alpins ont été moins étendus que maintenant durant plus de la moitié de ces dix derniers millénaires » ! En fait l’année 1616 marquée sur la pierre découverte par l’Elbe se situe déjà plusieurs décennies après qu’a commencé le petit âge glaciaire, engagé peut-être dès le XIVème siècle avec la ruine des colonies vikings du Groenland, constaté pour le moins de 1550 à 1850 avec, bien entendu, d’assez larges fluctuations, parfois de plusieurs décennies, pendant lesquelles peuvent être décelées « des ondes de sécheresse ou d’humidité prolongée » note E. Le Roy Ladurie ( T 1, p.37). On constate, écrit-il, « des alternances, de longues alternances, entre ce qu’on appelle des « petits optimums »,…phases de plusieurs siècles de climat un peu plus chaud et éventuellement un peu plus sec selon les régions…

Depuis qu’il y a des hommes, ceux-ci ont plus souvent 

souffert du grand froid que des excès de chaleur

Un premier optimum de ce genre se trouve [après la préhistoire plus lointaine] aux environs de l’âge du bronze, entre 1 500 et 1 000 av J.-C.….Puis un petit âge glaciaire (modéré) s’écoule de 900 à 400 av J.-C…..Puis de 200 av. J.-C. à 200 après J.-C. environ, on dispose à nouveau d’un petit optimum : le petit optimum romain…Un nouveau petit âge glaciaire s’étend entre 270 et 600 ap.J.-C…. » (T.1, pp.I et II). Il y eut ensuite encore un optimum chaud de 900 à 1300. Mais c’est d’autant plus compliqué qu’il peut y avoir des années de grande chaleur dans les âges dits glaciaires et des années très froides durant les « optimums ». Le Roy Ladurie note ainsi qu’en Europe, les moyennes thermiques de l’été pendant la décennie 1773-1783, au cœur du petit âge glaciaire, ont été les plus hautes de toutes les décennies connues depuis les observations rigoureuses du début du XVIIIème siècle : « Les moyennes estivales de cette décennie chaude dépassent les valeurs normales de plus de 2°F. » (T1, p.74). Il est vrai que lorsqu’Emmanuel Le Roy Ladurie publie la première édition de son ouvrage, à la fin des années 1960, le climat tend à se refroidir et en conclusion il annonce d’ailleurs que ce refroidissement se poursuivra peut-être pendant longtemps ! Ce qui montre que la prévision en la matière nous échappe. Mais l’histoire, elle, ne change pas et elle souligne que sans doute depuis qu’il y a des hommes ceux-ci ont plus souvent souffert du grand froid que des excès de chaleur, et que chaque fois ils se sont adaptés. Ce qui est nouveau n’est pas que le climat évolue, mais que nous ayons les moyens d’y faire face. Aujourd’hui, quand l’Elbe s’abaisse pour découvrir les « pierres de la faim », nous n’avons plus à craindre la disette car la liberté du commerce et la rapidité des transports ont enrichi le monde et permettent de porter remède aux aléas du climat dans les régions du globe qui en souffrent, pour autant que les régimes politiques qui y règnent n’entravent pas ces secours. Mais les idéologues se moquent, au fond, des victimes possibles. Ce qu’ils veulent, c’est utiliser le réchauffement climatique comme un moyen de renforcer l’Etat après que la faillite universelle du communisme ne leur permet plus d’y recourir. Puisse la réalité de l’histoire ouvrir les yeux de ceux qui sont tombés dans les rets des Cassandre climatiques. Finalement, Le Monde reconnaît lui-même que les catastrophes climatiques sont bien anciennes …