La Chine, deuxième plus grande économie mondiale, reste quant à elle la plus grande contributrice à la croissance mondiale. Or, les conditions monétaires mondiales sont principalement dominées par la Fed, le dollar américain étant la monnaie de réserve mondiale. Cela ne pose aucun problème lorsque l’économie américaine et l’économie chinoise sont synchronisées. Mais lorsque ce n’est plus le cas, des difficultés apparaissent. Le resserrement monétaire de la Fed, lié à la vigueur de l’économie américaine, se traduit par trois phénomènes : une hausse des taux d’intérêt américains, un raffermissement du dollar américain et une contraction du bilan de la Fed. Cette dernière retire actuellement 50 milliards de dollars de liquidités par mois, soit le même montant qu’elle injectait dans l’économie lorsque le Quantitative Easing était d’actualité.
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Le meilleur des mondes économiques
En ce qui concerne l’allocation d’actifs, nous anticipons une surperformance des marchés développés et des secteurs défensifs dans un contexte de vigueur persistante du dollar américain et de révision à la baisse des résultats. Les valeurs-refuges et les obligations de qualité devraient être de plus en plus recherchées au fur et à mesure que le pic des actions se rapprochera. Les mouvements vendeurs sur les marchés obligataires, comme celui de septembre, doivent être considérés comme des opportunités d’achat. Au cours des 6 à 12 prochains mois, la question essentielle pour les investisseurs est de savoir si le reste du monde va rattraper les États-Unis, ou si ce sont les États-Unis qui vont « rejoindre » le reste du monde. Dans le premier cas, les marchés connaîtraient une année 2019 favorable aux actifs risqués, semblable à l’année 2017. Dans le second cas, nous assisterions à un environnement d’aversion au risque. Ce second scénario nous semble plus probable. En effet, les moteurs de la vigueur économique américaine sont principalement temporaires (réductions d'impôts, loi sur l'emploi, hausse des prix du pétrole…) et vont probablement disparaître en 2019. À l’inverse, les obstacles rencontrés par la Chine semblent de nature plus structurelle et, par conséquent, plus persistants. Enfin, les risques financiers augmentent et, dans l’actuel contexte de fin de cycle, la causalité peut facilement changer : le marché deviendrait alors le principal risque pour l'économie, et non l'inverse.
Comme il devient évident que l’effet des mesures de relance en Chine s’atténue, l’attention des investisseurs se concentre sur le fait que la Fed puisse à l’avenir jouer un rôle de coupe-circuit. Cette préoccupation n’a rien d’inhabituel en fin de cycle économique. Mais comme le cycle actuel est particulièrement dépendant des liquidités financières, le rôle de la Fed devient également plus central. Une pause dans le resserrement des taux de la Fed augmenterait la probabilité d’un rattrapage du reste du monde face aux Etats-Unis grâce à des conditions financières plus favorables. Ce scénario semble de plus en plus probable pour le second semestre de 2019, les Etats-Unis entrant dans une phase de ralentissement qui s’accompagne d’une augmentation des risques financiers. En d'autres termes, les mauvaises nouvelles deviendront de bonnes nouvelles du point de vue boursier, mais il faudra d’abord que la situation se dégrade avant qu’elle puisse s’améliorer.
A propos de l'auteur : Witold Bahrke est stratégiste macroéconomique chez Nordea Asset Management.