Episode 30 : L'Italie s'invite à Paris
Ce matin-là, il pleuvait sur Paris, normal en février. Inlassable piéton parisien, Laplume ne changea pas ses habitudes pour rejoindre le domicile de Giovanni et de la Mamma. S'ils avaient réussi à quitter l'Italie avec quelques économies, leur vie allait devenir difficile si Giovanni ne trouvait pas rapidement le moyen de faire bouillir la marmite. Heureusement, Emile n'était pas sans relation et il espérait lui trouver rapidement du travail dans un journal parisien. Quand ils se retrouvèrent au tour d'un bol de café fumant, Laplume lui fit part de la lettre du légiste.
- Voilà qui renforce ton hypothèse, Emile.
- C'est vrai, mais c'est encore loin d'être une preuve que ces affaires sont liées. Le commissaire Genet est un bon flic. Il est tout à fait capable de mettre la main sur l'assassin, si nous nous sommes trompés de voie. Dans ce cas, nous abandonnerons l'affaire.
- Que faisons-nous, aujourd'hui ?
- On va au " Petit Parisien ". Je suis sûr que mon jeune collègue a réuni quelques informations supplémentaires sur le meurtre d'Amsterdam.
Au journal, tout le monde discutait d' Etienne Oehmichen, l'homme qui venait de réussir à faire décoller, pour la première fois, un hélicoptère. Emile ne dédaignait pas utiliser toutes ces inventions récentes, sans pour autant, être fasciné. Mais, il sentait bien qu'elle marquait la fin d'un monde, celui de la lenteur, la fin des temps où on savait prendre son temps. L'arrivée du jeune pigiste le tira de sa rêverie.
- Monsieur Laplume, je crois que vous allez être content. J'ai réussi à joindre un collègue du " De Telegraaf ". A moitié en français, à moitié en allemand, il m'en a dit un peu plus sur le crime du musée. Figurez-vous, que la victime n'était pas néerlandaise, mais italienne. Il s'agissait d'un peintre, sans grand talent, qui essayait de survivre en vendant des portraits.
- Comment avait-il débarqué à Amsterdam ?
- D'après notre collègue, il était en délicatesse avec la police italienne pour des délits mineurs, vols, escroqueries.
- Quel âge ?
- Une cinquantaine d'années.
- L'assassin court toujours ?
- Oui, il semble que la police d'Amsterdam n'ait pas fait de gros effort pour le retrouver. Elle a vaguement cherché dans les personnes susceptibles d'en vouloir à l'individu. Il y en avait beaucoup, mais pour des raisons qui ne justifiaient pas un crime.
- En apparence !
- Bon, c'est ce qu'a dit la police.
- Comment a-t-il été tué ?
- Notre collègue a été assez aimable pour se procurer le rapport d'autopsie. Il n'y avait pas de trace de bagarre. Son cou a été tranché net. La victime a été, sans doute, immobilisée par surprise, pas de trace de lutte. J'imagine que c'est surtout ce qui vous intéressait, monsieur Laplume.
- Tu as raison, c'est la première de la liste.
Giovanni intervint.
- Elle a un nom, votre victime.
- Adriano Verduni.
La révélation du nom de la victime laissa les deux journalistes sans voix. Bien sûr, Verduni était un patronyme fréquent dans la péninsule, mais, dans ces circonstances, il leur était difficile de croire à une simple coïncidence.
- Alors Emile, qu'est-ce qu'on fait ?
- On va aller informer le commissaire Genet.
Une demi-heure après, ils poussaient la porte du bureau de Genet. Laplume lui fit part de ses dernières découvertes.
- Bien travaillé, monsieur Laplume. Votre hypothèse prend corps. De mon côté, je ne suis pas resté inactif. J'ai continué de rechercher le fameux bon Samaritain du gardien du Louvre. Je crois que j'ai appris un élément d'importance. A force de cuisiner la clientèle du bistrot, nous avons découvert qu'il s'agissait d'un individu qui parlait avec un fort accent italien !
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