Nous étions quatre à l’initiative, il y a huit ans, d’une rencontre de poésie chez Tiasci - Paalam. Nous étions quatre, huit ans plus tard, pour fêter cet anniversaire, qui coïncide à peu près avec Diwali, fête des lumières en Inde. Arvind, Arham, Vasudevan et moi, Marc. Mais nous étions plus nombreux, les amis qui nous ont rejoints au fil des années étant présents ce soir-là. Et les absents étaient excusés.
C’est avec La fin de mes rêves qu’a commencé cette soirée. Ce sont des phrases, une par jour, récoltées au matin, juste avant de m’éveiller et copiées le plus fidèlement possible au réveil. Elles disent parfois un mot, parfois décrivent une image, évoquent une chanson. Dans un de ses livres, Lutz Bassmann raconte qu’un homme, écrivant chaque nuit les rêves qu’il fait, constate un jour, au réveil, que le rêve nocturne n’a pas été écrit de sa main. Il arrive que la phrase écrite vienne de loin et que je ne la reconnais pas. Je ne raconte pas mes rêves. Je n’en garde que la fin. J’essaie ainsi de saisir le passage de l’état de sommeil à l’état de veille. C’est par l’exigence de cette activité quotidienne depuis plusieurs années qu’il me semble presque y toucher. Voici quelques phrases lues, un peu au hasard, en ce début de soirée :
Au marché, j’achète un sac de pommes de terre ; sur le sac est imprimé mon nom.
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Je voulais seulement mettre une tête sur un écran et qu’elle parle.
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D’un baiser dans le cou, il anime les personnages de la BD.
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Rue des Victoires, à l’adresse où il est né, il y a désormais un trou d’obus.
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J’accepte de réaliser une sculpture en bronze : la mémoire ; c’est moi dans ma mère, mé-moi-re.
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L’eau a creusé la pierre et n’y coule plus rien qu’un mince filet. Je suis, pieds nus, au milieu du lit, craignant que le torrent se remette à bouillonner.
Puis nous avons lu, à plusieurs voix, les poèmes d’Amirul Arham. Ceux que nous avons récemment traduits parlent d’images, de caméra, de Skype. À travers ces images, ces outils, le poète - réalisateur parle du monde, des femmes, de la violence. Nous lisons, lui et moi, ses mots sur la musique, raga bihag, raga bhairavi, et sept cent soixante dix couchers de soleil. Mahmoud a, à son tour, lu quelques textes du précédent recueil d’Amirul Arham, Dans tes yeux l’ombre de la mer, recueil publié par Paalam Publications quelque temps après notre première rencontre dans ces mêmes lieux. Et Vasudevan a, pour finir cette séquence, lu un poème qu’il avait découvert il y a huit ans et immédiatement interprété, ce qui fait, comme il nous le dit, que La mouche s’est collée à lui.
Arvind interviendra dans la discussion qui suivra, portant sur la question de la traduction, et certaines différences entre les langues, qui font que, dans l’exercice, il est parfois difficile de respecter et rendre sensible l’intention de l’auteur.
Pour conclure, Sharmila Roy a interprété un poème de Mallika Sengupta.
Plus tard dans la soirée, Aimé Nouma a offert un slam pour l’anniversaire de nos Rencontres.