Guild Wars 2 : mes inquiétudes

Si, comme moi, vous êtes à l’affût depuis des mois, sondant les abysses du net pour y dénicher des informations sur le tant attendu Guild Wars 2, vous devez trouver le temps long et attendre de cet article beaucoup de choses que vous n’y trouverez pas (je préfère prévenir).

Une date de sortie par exemple : aucune date n’est encore annoncée. Ah si, je suis mauvaise langue : on sait déjà que la version bêta NE sortira PAS en 2008 ! Rendez-vous l’année prochaine donc, pour explorer les profondeurs de la Tyrie, 250 ans après les évènements clôturant GW:Eye of the North, dernier produit en date de la licence. Et quelque part, c’est tout à l’honneur des développeurs du projet, qui ont déclaré vouloir prendre leur temps afin de proposer la meilleure qualité de jeu aux tous premiers acheteurs. Alors, critique implicite envers la sortie récente du MMORPG concurrent Age of Conan dont on dit qu’il est plus buggé qu’un The Elder Scrolls, ou justification habile forçant à la patience ? La version bêta nous le dira.

Elle nous dira surtout ce qu’il va advenir de toutes les caractéristiques qui font de GW un jeu unique et qui risquent fort de se perdre lorsque de CoRPG, le second volet passera au style MMORPG. Ah, comme j’aime savoir que mes possibles rencontres avec les Kevin sont cantonnées aux villes et qu’une fois en zone d’exploration, je me retrouverai seule avec mon groupe, libre d’appliquer ou non un roleplay, de massacrer les mobs ou de les éviter sans pénaliser ma progression d’expérience ou de prendre un sublime screenshot sans qu’un autre joueur venu de je-ne-sais-où ne vienne gâcher mon paysage avec son armure de mauvais goût !
Passer d’un monde entièrement instancié à un univers persistant ne m’enchante absolument pas, d’autant plus que ce dernier est associé à des notions que je déteste tout particulièrement dans les MMORPG classiques : le leveling intensif et le monster bashing (comme je me la pète avec mes termes techniques anglophiles).

Dans GW premier du nom, non seulement on atteint le niveau maximal très rapidement, mais en plus toutes les instances en mode normal sont accessibles à n’importe quel niveau : point n’est besoin donc de devenir un no-life qui va passer les trois prochains mois de sa vie à monter un personnage jusqu’à ce qu’enfin il puisse l’incarner dans les missions qui lui étaient auparavant interdites.
De plus, le gain d’expérience ne s’y fait pas par le massacre à la chaîne de centaines de mobs identiques entassés dans 10m² et à 20m d’un autre groupe de mobs identiques de niveau supérieur, mais par la réalisation de quêtes : un style de jeu beaucoup moins répétitif que celui proposé par la plupart des MMORPG (même s’il ne faut pas se leurrer : les quêtes consistent à poutrer ou à faire le pigeon voyageur).

Cependant, la grande force de GW que je refuse tout net de voir disparaître dans l’opus à venir, c’est le système de build qui fait de ce titre un jeu de stratégie et de gestion d’équipe plus qu’un jeu de rôle. Pour être un bon joueur de GW, je l’ai dit, il n’y a pas besoin d’un niveau faramineux obtenu après des centaines d’heures de farm, il ne faut pas non plus lutter pour trouver un stuff extraordinairement rare ou une armure impénétrable car il est relativement facile de s’équiper de façon optimale (seul le skin fait la différence de prestige). Pour être un bon joueur de GW, il faut avoir un bon build, soit un ensemble de 8 compétences adaptées à la zone ou à la mission en cours.
Dans GW, l’écran de jeu n’est pas entouré par des dizaines de compétences hermétiques dont on n’utilise que le quart ; au contraire on choisit ses 8 compétences parmi toutes celles que l’on connait avant de partir en exploration ou en PvP, ce qui renforce l’intérêt de créer un groupe structuré pour parer à toutes les éventualités, d’autant que ce groupe est limité à un maximum de 8 joueurs. Le système de build variable permet de rendre chaque sortie unique et stratégique et il faut parfois, comme dans les RPG japonais, se faire latter par un boss une première fois afin de comprendre son point faible et revenir plus tard avec les compétences adaptées. Ce système, favorisant la réfléxion et la mise au point de tactiques offensives et défensives, fait de GW un jeu plutôt difficile dès lors qu’on est en quête de challenge et de gloire : n00b s’abstenir !

Un build célèbre qui permet de tuer de nombreux mobs sans subir le moindre dégât : le bonheur.

Je ne vais pas parler des autres subtilités de GW qui font que l’on adore ou qu’à l’inverse on déteste ce jeu (les modes de PvP, les héros, les titres) si ce n’est pour vous dire qu’elles aussi, j’ai peur de les perdre. Cela dit, d’après les interviews parues sur le jeu, il semble que ces points du système resteront intacts voire améliorés dans GW2, et qu’en outre on aura une plus grande liberté de mouvement puisqu’on pourra même sauter ! Et oui, il fallait bien que je me rassure à un moment sinon l’écriture de cet article m’aurait complètement démoralisée.

Un joueur de GW au Panthéon des Hauts-Faits bien rempli bénéficiera de bonus et de prestige dans GW2.

Bref vous l’avez compris, le passage de GW2 en MMORPG m’inquiète beaucoup et je ne suis pas sûre d’adhérer à cette nouvelle mouture du jeu culte de NCsoft car le CoRPG me convient parfaitement. Bien sûr, je sais qu’en disant ça je passe pour une vieille réac’ du “c’était mieux avant”, vous savez, le genre de personne qui n’a pas aimé Oblivion parce que Morrowind était mieux… Ce qui me rassure, c’est que les serveurs de GW tout court seront préservés tant qu’il y aura des joueurs : il me sera donc toujours possible de retourner sur Cantha ou Elona dans mes zones instanciées avec mon level 20, mon build préféré et mes héros hyper stuffés si je n’accroche pas aux bouleversements éventuels de la seconde édition.
D’autant plus que la bonne nouvelle de l’article, et c’est bien la seule, c’est que GW2, comme son grand frère, ne nécessitera pas d’abonnement ! Il suffira d’acheter le jeu pour en profiter infiniment, sans la pression du temps qui passe, et rien que pour cela, vous me verrez sur Guild Wars 2 dès le premier jour, soyez-en sûrs. Alors faites augmenter vos titres, achetez des mini-pets, remplissez votre Panthéon des Hauts-Faits et si Balthazar le veut, on fera une guilde GameUp !