Il y avait trois personnes marchant dans la nuit, le ciel nocturne scintillait de mille étoiles lointaines. On y distinguait également une planète du système solaire, et par moment des poussières stellaires venaient mourir en zébrant d'or le ciel de la terre. Il y avait des rires, de la complicité, l'air était rempli de joie de vivre, la présence de soleils lointains était comme autant de sourires et de rires partagés.
Les trois amis regardaient tranquillement des constellations, observaient même la très proche galaxie d'Andromède. Il n'y avait aucune tension présente dans tout ceci, et au-delà des mots et des théories scientifiques, il y avait quelque chose de fécond. Quelque chose de profond, un mouvement intérieur indicible. Ce mouvement venant de l'esprit animait ces personnes, ainsi que l'univers entier, - celui-ci fait naître des galaxies, des mondes inconnus - et certains ne comprennent pas qu'il puisse également faire naître l'amour absolu, qu'il donne la liberté véritable.
Seul ce mouvement sans mobile, sans règles intérieures, seul cela peut mettre un terme à l'illusion et à la souffrance. Il est une réalité inqualifiable, immuable qui est au-delà de l'homme, au-delà de ses jeux puérils tel que les religions et les rites, les croyances et l'adoration des textes.
Ce soir il y avait trois humains dans la nuit, des milliards d'étoiles, des rires et des silences. Ce soir était baigné par une unité imperceptible, car cette marche nocturne était en fait le mouvement même du monde. Trois personnes marchaient dans la nuit, mais jamais il n'y avait eu trois esprits. Cette soirée pleine de joie était celle de l'esprit du monde, de la terre et des cieux. Celle de l'esprit qui s'étend au-delà des perceptions humaines, et les rires avaient touché des contrées inconnues, totalement vierges.
Ce soir un sourire était né, et l'éternité avait ri avec l'univers entier.
Un mot, un sourire, une étoile filante qui vous emporte dans son sillage. Plus rien n'existe sauf cette beauté innocente du monde, plus rien n'existe sauf cette générosité de la vie. Maintenant devant nous le monde connu n'est plus, et dans cette réalité autre, comment pourrait-on ne pas être submergé par l'amour ?
Paul Pujol.