Franz Mon est un poète allemand né en 1926 à Francfort où il a toujours travaillé, chez un éditeur scolaire puis à l’université. Il change son patronyme allemand Löffelholz en MON, palindrome qui lui évoque « MON NOM » en français. Enfant utilisé pendant la guerre pour aider à la défense anti-aérienne, il découvre la modernité artistique interdite par les Nazis en lisant une revue littéraire dans un camp de prisonniers des Alliés. Ses poèmes, proses et pièces radiophoniques combinent une concentration minimaliste sur un langage considéré avec méfiance, permuté avec virtuosité, ainsi qu’une expression de l’humain grave mais absurde. Proche du mouvement de poésie concrète des années 1950, moins connu que Ernst Jandl ou Oskar Pastior, il reste un solitaire radical croyant à une fonction critique de l’expérimentation. Il publia lui-même d’autres expérimentateurs avec sa petite maison d’édition et participa au progressiste « Colloque de Nouvelle Poésie » à Bielefeld (annuel de 1978 à 2003). Comme artiste visuel il s’est spécialisé dans des collages à déchirures de photos et mots, ainsi que dans des modulations et superpositions de lettres isolées agrandies. L’anthologie rétrospective de son œuvre Zuflucht bei Fliegen (« Refuge chez les mouches »), éditée par le spécialiste de l’avant-garde Michael Lentz, offre un riche aperçu plein de surprises de sa longue carrière esthétique. En français existe un courageux livre bilingue de Franz Mon traduit par Heike Fiedler et Vincent Barras chez les regrettées éditions du Clou dans le Fer.
Bibliographie
artikulationen, Neske 1959
ainmal nur das alphabet gebrauchen, hansjörg mayer 1967
herzzero, Luchterhand 1968 (roman expérimental)
das gras wies wächst, Deutsche Grammophon 1969 (pièce radio sur disque)
fallen stellen, Ramm 1981
Nach Omega undsoweiter, Ramm 1992
Wörter voller worte, Ramm 1999
Zuflucht bei Fliegen, Fischer 2013 (anthologie)
Traduction en français
Ni sanve ni safran, Despalles 2004, livre d’artiste en tirage limité, avec maquette de Johannes Strugalla et estampes de Jean-Claude Loubières
Tactique de mots, Le Clou dans le Fer 2011, anthologie traduite par Heike Fiedler et Vincent Barras (bilingue)
Sitographie
Petite vidéo sur Franz Mon
Écouter Franz Mon lire sur Lyrikline un poème où la litanie « plonger ses mains dans la cendre… » varie les qualificatifs de la cendre par un adjectif monosyllabique en « a » à chaque vers
Œuvres visuelles de Franz Mon
Jean-René Lassalle