Je vais resterd’Hubert Chevillard (Illustrations) et Lewis Trondheim (Scénario) 4,5/5 (15-10-2018)
Je vais rester (125 pages) est sorti le 2 mai 2018 aux Editions Rue de Sèvres.
L’histoire (éditeur) :
Fabienne et Roland débarquent à Palavas pour passer la semaine. Roland a tout payé, tout organisé et scrupuleusement consigné chaque étape du séjour dans un carnet. Ils s'apprêtent à déposer leurs bagages à l'appartement. Soudain, elle se retrouve seule. Stupeur, déni... Contre toute attente, elle décide de rester.
Mon avis :
Premières pages tournées, je suis sous le charme. Peu (ou pas) de texte, beaucoup de mouvement, de la vie (la vraie, avec des personnages de tous les jours) et tant de lumière.
Fabienne et Roland arrivent en vacances à Palavas. A peine le temps de garer la voiture que Roland décède. Fabienne qui assiste au rame choisit de suivre le programme que son homme avait élaboré et payé (visite, location…). Elle choisit de reste, contre toute attente. Seule (ou presque), elle poursuit sa vie et affronte à sa manière la tragédie.
Alain, le frère de la victime, fait le voyage jusque-là mais Fabienne ne peut se résoudre à la voir, à assurer un lien, de s‘impliquer dans la cérémonie. C’est trop. Elle préfère la compagnie de Paco, un illuminé qui collectionne les morts stupides, un homme avenant qui, au final, a bien plus la tête sur les épaule et le cœur sur la main que beaucoup d’autres…
Je vais rester m’a captivée. C’est une bande dessinée que l‘on commence le cœur léger et qui d’un coup vous prend aux tripes. Impossible à lâcher avant d’avoir été jusqu’à la dernière page. C’est sans aucun doute à cause du choc des premières pages, de ce contraste, ce passage du bonheur lié au départ en vacance à l‘effroyable drame, mais c’est aussi peut-être à cause de son héroïne pour laquelle l’attachement se fait doucement.
Fabienne, c’est Madame tout-le-monde mais sa réaction face au deuil n’est pas celle du commun des mortels. Et pourtant, il m’a été impossible de la juger, de porter un regard critique sur ses actions et ses réactions tant le drame qui la touche est soudain, imprévisible et impensable par sa double brutalité. Hubert Chevillard et Lewis Trondheim arrivent avec beaucoup de finesse à traduire (sans mot) la palette d’émotions qui la gagnent et son chemin mouvementé vers l’acceptation et son passage vers « l’après ».
BD humaine (autant dans le fond que dans la forme : les visages sont partout), intimiste et douce, Je vais rester est un joli titre qui parte de la perte de l’être cher. Touchant et sensible, c’est un album que j’ai déjà relu deux fois et que je ne me lasse pas de parcourir, captant à chaque fois ces nombreuses émotions qui en font sa force au milieu de tant de simplicité.