Je n'avais rien lu de Pascal Quignard, prix Goncourt 1992 pour Les Ombres errantes. Villa Amalia me permettra de combler cette lacune.
C'est assez rare de trouver autant de points de convergences entre l'écriture, l'héroïne et la trame du roman. Tout est ici réuni dans une parfaite harmonie, organisée autour de l'épure, la simplicité poussée jusqu'à l'ascèse.
Ann, l'héroïne, est pianiste et compositeur. Elle s'inpire de pièces anciennes, les relit et les réécrit en les épurant jusqu'à l'ultime ligne mélodique. Nageuse émérite, elle aligne les longueurs, affinant également sa silhouette sèche et nerveuse.
Découvrant l'infidélité de son compagnon et " malheureuse à désirer mourir", elle organisera sa disparition de son entourage habituel. Tout doit être liquidé, sa vie, ses biens, ses vêtements, tout. Au hasard de rencontres et retrouvailles, elle tentera de se forger une nouvelle existence.
L'écriture de Pascal Quignard accompagne à merveille ce récit d'une femme qui ne souhaite plus que le vide. Elle est sèche, précise, sans fioriture ni enjolivement d'aucune sorte. Mais c'est justement cette concision qui la rend si prenante. On suit l'errance d'Ann, ses tentatives pour renaître, on l'accompagne jusqu'à l'apaisement final. Du bel art.