d'Adeline Dieudonné
Roman - 270 pages
Editions L'Iconoclaste - août 2018
Prix FNAC - 2018
Prix Première plume (Furet du Nord) - 2018
Prix Renaudot des Lycéens - 2018
Une jeune fille, vit de jeux dans les carcasses de voitures, avec son petit frère Gilles. Leur mère est le fantôme d'elle-même, une "amibe", soumise à la violence de son mari alcoolique et cruel, impassible, muette, indifférente. Un jour, les enfants assistent à un accident grave et Gilles en sera traumatisé. Dépressif, il grandit en s'éloignant de ce que sa sœur rêvait comme vraie vie. Elle veut remonter le temps. Pour ça, elle va étudier la physique quantique, exceller dans ses études, élaborer un plan. Mais la violence rôde toujours.
Ce livre a su me surprendre. Accompagner la fille (elle n'a pas de prénom, seul son petit frère Gilles en possède parmi tous les personnages du roman), dans un récit très introspectif, à hauteur d'adolescente qui porte un regard extérieur, encore un poil naïf, sur son environnement. L'accompagner et souffrir face à ce père chasseur, qui collectionne les trophées, et qui dénigre toute intelligence et finesse en ce monde. J'ai cru, avec cet intérieur sordide, cette pièce de la maison emplie d'animaux chassés empaillés, ces armes omniprésentes, ces après-midis à aller se défouler sadiquement dans les forêts,... j'ai cru être aux Etats-Unis. Jusqu'à ce qu'une liste évocatrice en fin de roman m'affirme se dérouler en France (ou en Belgique). Le récit surprend aussi par ses accès de violence extrême, jusqu'à la fin qui termine en apothéose du thriller haletant. C'est pour cela que le livre est difficile à classer : roman initiatique, roman social, thriller psychologique… Extrait :"J'aimais la nature et sa parfaite indifférence. Sa façon d'appliquer son plan précis de survie et de reproduction, quoi qu'il puisse se passer chez moi. Mon père démolissait ma mère et les oiseaux s'en foutaient. Je trouvais ça réconfortant. Ils continuaient de gazouiller, les arbres grinçaient, le vent chantait dans les feuilles du châtaignier. Je n'étais rien pour eux. Juste une spectatrice. Et cette pièce se jouait en permanence. Le décor changeait en fonction de la saison, mais chaque année, c'était le même été, avec sa lumière, son parfum et les mûres qui poussaient sur les ronces au bord du chemin." Dans sa quête pour retrouver le sourire sur le visage de son frère, qui est en train de tourner violent, dans les pas du père, elle va croiser des professeurs, mais aussi La Plume, une jeune mère dont elle garde l'enfant, et Le Champion, le compagnon de la Plume… Les sentiments amoureux naissants, les élans sensuels, tout cela est très bien décrit, et comme tout le livre, avec une plume assumée, juste, inspirée.Un roman qui se lit très vite, de plus en plus vite.
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