Jerusalem the Golden, La Jérusalem d’or
de Charles Reznikoff,
aux éditions Unes
51
L’arbre mort au coin
dont l’écorce est tombée par endroits
des branches grises, et toutes les brindilles –
soyez reconnaissants, vous, les autres arbres,
qui, bruns et nus, n’avez perdu que vos feuilles
dans l’hiver de vos vies
The dead tree at the corner
from the gray boughs of which bark has fallen
in places and all the twigs–
be thankful, you other trees,
that, bare and brown, are only leafless
in a winter of your lives.
52
Voici que la terre noire et les buissons –
les arbustes, les arbres,
chaque brindille, chaque branche – sont recouverts de neige
et la terre en est plus éclatante que le ciel,
cet embroussaillement
de nerfs, de veines et d’artères –
moi-même – déroule
ses feuilles nouées
dans l’air brillant.
Sur ce versant de colline boisée,
pétri de neige, je n’entends plus
que la neige qui fond
et goutte des brindilles
61
Notre rossignol, la pendule,
notre alouette,
perchée sur la cheminée
chante si régulièrement
ô oiseau de proie
62
La pendule
tictaque sur la bibliothèque,
la montre tictaque sur la table –
insectes affairés
qui me grignotent le monde.
Charles Reznikoff, La Jérusalem d’or, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par André Markowicz. editions Unes, 2018, 48 p., 15€
On peut entendre les poèmes 61 et 62 lus par Charles Reznikoff dans cette émission de Susan Howe (en anglais).
Charles Reznikoff dans Poezibao :
Holocauste (parution), extrait 1, Holocauste (note de lecture de P. Boisnard), extrait 2, ex. 3 (trad. d’Auxeméry), ext. 4, (Anthologie permanente) Charles Reznikoff, "Holocauste", deux traductions, (Archive sonore) Charles Reznikoff (en anglais), (Note de lecture) Charles Reznikoff, "Inscriptions", par Marc Blanchet