La résilience a gagné ses lettres de noblesse, y compris dans le storytelling. Encore faut-il la pratiquer de manière à la rendre productive.
Les histoires de super-héros ne marchent pas
Les histoires de super-héros dans le monde de l'entreprise font plaisir, mais elles ne sont pas efficaces. Elles apportent de la bonne humeur, font plaisir, mais est-ce bien là l'objectif d'une entreprise ? Non. Est-ce au moins un moyen au service de l'efficacité ? C'est sûr, la bonne humeur et la satisfaction de soi ne font pas (forcément) de mal, mais de là à voir une connexion fiable avec la performance...
L'échec a du mal à être assumé
Pourtant, et c'est particulièrement vrai dans notre culture française, on a du mal à admettre que les histoires d'échecs peuvent faire sens. On a bien plus tendance à les cacher. Non seulement, on ne communique pas sur ces histoires, mais pire : on préfère souvent les oublier plutôt que d'essayer soi-même d'en apprendre quelque chose. Parfois, par là même, ce passage sous silence perpétue l'échec, reproduit par d'autres, dans l'ignorance.
Le "qu'en dira-t-on ?" l'emporte souvent sur le "qu'en fait-on ?".
Les 3 types d'échecs dans le monde du travail
- L'échec évitable : ce n'est pas de ces échecs dont on apprend le plus, car on arrive très vite à identifier ce qu'il faut faire pour les éviter,
- L'échec complexe : il y avait des procédures en place, des protocoles, on savait ce qui devait être fait, et une combinaison de facteurs internes et externes est venu tout remettre en cause. Il y a beaucoup à en apprendre,
- L'échec intelligent : oui, intelligent. Il survient quand on n'a aucun repère, aucune expérience préalable, qu'on est en train de réaliser une première. Typiquement, les grandes découvertes scientifiques sont passées par ces phases, et le stade de découverte a été atteint parce que, justement, on en a retiré quelque chose.
Un vrai apprentissage par l'échec
- Un échange verbal sur l'échec : il ne s'agit pas d'un mea culpa en public, l'objectif est ici d'avoir un échange entre les différents acteurs intéressés. Le coeur (et la valeur ajoutée) de cet échange ne sera pas le témoignage de la ou des personne(s) responsable(s) de l'échec, mais bien les questions, appels au feedback, aux idées d'explication des autres. L'apprentissage d'une situation d'échec n'est alors pas seulement individuel mais collectif. Et une question en appelant une autre, c'est un vrai dialogue valorisant pour tous qui peut s'établir.
- L'échec entretient les bonnes relations : quand on se met en avant en répétant à l'envie combien on est performant, on ne se fait pas d'amis. On fait des envieux. C'est bien pour cela que beaucoup de gens qui réussissent ont choisi pour devise : "pour vivre heureux, vivons cachés". On pourrait aussi dire que le succès des autres stimule le désir de réussir également soi-même, mais ce n'est pas ce que disent les chercheurs qui ont travaillé sur le sujet. Parler d'échecs, par contre, cultive le relationnel en parlant d'égal à égal, d'humain à humain faillible.
- Attention toutefois : il faut tenir compte de la culture de l'entreprise : toutes les organisations ne sont pas égales face à l'échec. Certaines d'entre elles considèrent celui ou celle qui parle de ses échecs comme un(e) loser. D'autres utilisent les échecs comme un alibi de la médiocrité, de l'incompétence, sous le masque de la bienveillance. Les travaux de recherche menés sur le sujet montrent aussi que le partage d'histoires d'échecs va bien fonctionner dans des échanges entre pairs (des personnes de niveau hiérarchique "égal"), mais beaucoup moins face à des supérieurs : climat de confiance, humanisation des relations à la clé.