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On rit jaune à l’Élysée...
Macron semblé tétanisé par la perspective de la manif des gilets jaunes, mais il semble oublier que pour qu’une goutte d’eau fasse déborder un vase, il faut que ce vase soit déjà plein à ras bord.
Lui qui voulait raréfier ses interventions publiques pour les rendre plus « précieuses » vient maintenant se livrer à un véritable racolage mercredi soir sur TF1, en déployant des arguments de marchand de cravates pour dissuader les Français de manifester samedi.
« On vous ment, on vous manipule » dit-il.
Ben non, justement, et c’est précisément ça qui le désespère. Si cette manif était suscitée par une organisation syndicale, voire un parti politique, il aurait un adversaire à dézinguer… Mais ce n’est pas le cas : elle est spontanée, issue du peuple, pas organisée, pas récupérée. De la bronca populaire pur sucre.
Pas d’opposant à critiquer, pas d’adversaire avec qui débattre, personne à mettre en cause, à faire clouer par ses médias amis au pilori des ennemis de la république…
Face à lui, les Français, et personne d’autre.
Remarquons que c’est lui qui a organisé les choses ainsi, en exerçant un pouvoir vertical qui méprise et phagocyte les intermédiaires habituels : Il a voulu créer une voie royale pour faire descendre son pouvoir de l’Olympe, le mécontentement n’a plus de chicane ni d’obstacle pour remonter directement jusqu’à lui.
Depuis déjà un mois, les organes de communication de l’Élysée font passer des « éléments de langage » qui voudraient décrédibiliser la levée des gilets jaunes :
« N’y allez pas, Le Pen y va » « On a d’autres chats à fouetter, comme le chômage ou la pauvreté ».
Peine perdue. Le Pen n’ira pas, Mélenchon non plus, mais tous approuvent le « mouvement populaire » dans une surprenante chorale à laquelle prennent part quasiment tous les autres acteurs politiques.
Macron « entend » toujours, mais n’écoute jamais...
Macron « entend la colère »… Ça ne suffit pas. Il dit à tout le monde qu’il « entend », mais il n’écoute jamais et n’en fait toujours qu’à sa tête.
Tout ce qu’il a fait jusqu’à maintenant a contribué à remplir le vase qui déborde aujourd’hui:
Prenez la CSG sur les retraites. Elle n’impacte pas que les retraités : tous ceux qui sont au dessus du seuil de misère emploient une partie de leur retraite à soutenir leur famille, leurs enfants, à gâter leurs petits enfants.
Ce sont donc les familles entières, toutes générations confondues, qui sont atteintes par cette mesure inique. : les enfants à qui ont a réduit les APL et qu’on ne peut plus aider, la réduction des aides sociales qui affectent les jeunes qui se lancent dans le grand bain.
Si on replace toutes ces privations dans le contexte de fermetures de classes, d’écoles, de services hospitaliers voire d’hôpitaux entiers, d’augmentation du gaz pour se chauffer, de maisons qui s’écroulent, et qu’on met en cerise sur le gâteau la suppression de l’impôt sur la fortune, on prend la mesure du malaise global.
Ajoutons à cela cette discrimination assumée entre les « travailleurs actifs » et les retraités qui ne servent plus à rien. Tout pour les premiers, rien pour les seconds, comme si la dépense de leur retraite ne contribuait pas à la prospérité de l’activité des premiers…
A force de propagande, le pouvoir a même réussi à convertir quelques imbéciles à cet eugénisme social. Je me suis fait injurier sur Facebook par un crétin qui me reprochait de « devoir bosser pour me nourrir ».
Et à qui j’ai répondu que s’il avait aujourd’hui encore quelques avantages sociaux, c’est parce que les générations d’avant les avaient conquises pour lui, et qu’en se rendant aujourd’hui complice de annihilation des retraites, ce n’est pas seulement ma retraite qu’il attaquait, mais surtout la sienne qu’il compromettait lorsque son tour viendrait de devoir vivre avec.
Bref, il me semble que les Français sont aujourd’hui au pied du mur.