L’hypercyphose dorsale est un trouble de l’équilibre sagittal de la colonne vertébrale qui se traduit par une angulation à convexité postérieure. Souvent, la cyphose touche préférentiellement la colonne dorsale.
A l’état normal, il existe à ce niveau une convexité physiologique (normale) qui a tendance à devenir excessive dans la cyphose.
Une hypercyphose peut survenir chez l’enfant comme chez l’adulte. Cette hypercyphose est de deux types :
– elle peut être « régulière » et harmonieuse comme dans le cas très fréquent de l’épiphysite vertébrale de croissance (maladie de Scheuermann) ;
– ou au contraire être une déformation courte et anguleuse, appelée hypercyphose « angulaires ».
Il est important de distinguer les deux types en raison de leurs étiologies, mais également de leurs modalités de traitement très différentes.
Indications thérapeutiques
Les hypercyphoses « angulaires »
Les cyphoses régulières sont généralement secondaires soit à une attitude cyphotique ou à une « dystrophie rachidienne de croissance » (maladie de Scheuermann).
Les attitudes cyphotiques de l’adolescent sont des troubles posturaux bénins liés à un schéma corporel perturbé et comportant une part minime d’hypotonie posturale. L’attitude en hypercyphose thoracique est constamment autoréductible, ce qui signifie que l’intéressé parvient à une autocorrection clinique absolument parfaite sur simple demande de l’examinateur.
Ces attitudes cyphotiques, constamment bénignes, n’entraînent jamais de retentissement sur la croissance rachidienne. À l’âge adulte, la stabilisation du schéma corporel se fait habituellement avec une normalisation des courbures rachidiennes de profil. Durant l’adolescence, et pour répondre à l’inquiétude familiale, une rééducation posturale peut être envisagée.
Le port d’orthèses doit être proscrit. La pratique d’activités sportives et notamment de sports en extension doit être encouragée.
Les hypercyphoses régulières secondaires à la maladie de Scheuermann représentent la grande majorité des cas observées à l’adolescence. La déformation peut être sévère et n’est habituellement pas totalement réductible. Des troubles de croissance des vertèbres apicales sont constamment observés sur les radiographies du rachis de profil et font d’ailleurs partie intégrante de la description séméiologique de la maladie.
Le traitement orthopédique par corset est indiqué pour les déformations importantes (plus de 60°) et évolutives dès lors qu’un potentiel de croissance résiduel et donc d’aggravation potentielle existe.
Le but du traitement orthopédique est avant tout de stopper l’aggravation de la déformation. Toutefois, chez l’enfant ou le jeune adolescent, la correction de la déformation peut être durable dès lors que la mise en hyperextension du rachis a permis la reprise de la croissance en hauteur de la partie antérieure des corps vertébraux. Dans les cas de cyphoses raides et angulaires, le traitement orthopédique doit être soutenu et prolongé.
La correction de la déformation peut nécessiter l’utilisation de corsets de détraction dont l’utilisation reste délicate. Bien souvent, le traitement orthopédique ne parvient qu’à freiner la progression de la déformation en attendant la maturité osseuse suffisante pour envisager un traitement chirurgical définitif.
Les hypercyphoses « angulaires »
Elles sont des hypercyphoses localisées à un petit nombre de vertèbres. Elles sont le plus souvent dues à des causes malformatives (cyphoses congénitales), traumatiques, dystrophiques, tumorales ou infectieuses. Souvent raides, elles se prêtent mal au traitement orthopédique qui a une efficacité le plus souvent limitée.
Le traitement définitif des cyphoses angulaires est ainsi relativement univoque et chirurgical. Toutefois, avant que le traitement chirurgical ne soit mis en œuvre, ces cyphoses peuvent être sévèrement évolutives, d’autant plus que l’enfant est jeune et que le potentiel de croissance rachidien accentue le déséquilibre du tronc dans le plan sagittal.
Le traitement orthopédique a donc une indication, chez les enfants jeunes, pour freiner au maximum l’aggravation de la cyphose mais également des courbures d’équilibration adjacentes
Le traitement orthopédique des cyphoses demeure une entreprise exigeante et des complications cutanées mais également digestives et neurologiques peuvent survenir. La majorité de ces traitements doivent donc être réalisés et surveillés attentivement en milieu spécialisé de rééducation et d’appareillage.
Références : la revue Techniques chirurgicales – Orthopédie-Traumatologie.
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