« Jamais, je n’aurais cru possible que mon pays mangerait ses enfants. » C’est le père de Mohamed qui parle, épuisé par un métier difficile, une épouse qui le méprise, peut-être parce qu’elle n’avait que dix-huit ans quand il l’a épousée, et la disparition de Lyes, le frère de Mohamed, en Algérie, tombé dans un piège tendu par les Combattants de l’Islam dans les années 1990. Il ne reste plus personne du temps de l’enfance et de l’adolescence ; Mohamed vend l’appartement familial à Gentilly. Lui-même est ébéniste passage du Grand-Cerf, à Paris. Il vit seul. Ses souvenirs le rattrapent : une enveloppe pleine de photos, le cinéma du quartier de ses jeunes années en vente. C’est à la faveur de ces évènements qu’il retrouve Nelly, son amour de jeunesse, dont la situation est très éloignée de la sienne. Et il est contacté par Houria, sur Facebook. Elle lui demande s’il a lu des livres de John Grisham. Lui n’a lu de cet auteur que « Le client » dont le personnage est « un gamin d’une douzaine d’années » qui avait appris à fumer à son petit frère. C’est cette fratrie détruite de l’autre côté de la Méditerranée qui manque désespérément à Mohamed. Mais Houria signifie espoir : elle est une image de la femme qui lutte aujourd’hui dans son pays avec courage et détermination.